Retour sur la théorie des aires dialectales périphériques de Yanagita Kunio

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Yanagita Kunio 柳田國男(1875–1962), en plus de son rôle fondateur dans la formation de l’ethnologie japonaise, est également l’un des pionniers de la dialectologie japonaise. Ses Réflexions sur l’escargot (Kagyūkō 蝸牛考) de 1927 constituent en effet une contribution majeure visant à expliquer le mécanisme de diffusion spatiale des innovations linguistiques et ses facteurs socioculturels. S’appuyant sur les principes de la diffusion des traits linguistiques par rayonnement ondulatoire (Schmidt 1872) et de la continuité des aires linguistiques (Dauzat 1922), Yanagita énonce sa théorie des « aires dialectales périphériques » (hōgen shūkenron 方言周圏論) sur la base de la distribution des noms de l’escargot dans les dialectes japonais : les formes sont distribuées en cercles concentriques autour de Kyōto, avec les formes les plus récentes situées au centre et des formes de plus en plus anciennes à mesure que l’on s’éloigne vers la périphérie, et cette distribution s’explique diachroniquement par des vagues successives d’innovations du centre vers la périphérie.La dialectologie de Yanagita a été critiquée pour son romantisme et son ignorance de la notion de système linguistique (Ramsey 1982), et sa théorie des aires périphériques n’est pas applicable uniformément à tous les aspects linguistiques. Elle demeure néanmoins un principe explicatif valide et reconnu, et la distribution des noms de l’escargot est considérée comme un cas d’école qui figure dans l’ensemble des manuels japonais. Toutefois, la distribution en cercles concentriques est loin d’être évidente sur la carte fournie par Yanagita, et les manuels de dialectologie se contentent de reprendre un schéma simplifié. L’examen de cartes dialectologiques plus récentes et détaillées ne révèle pas non plus une structure claire (Ōnishi 2016a). La présente communication se propose de réanalyser les données de Kagyūkō et d’atlas linguistiques postérieurs (Kokuritsu Kokugo Kenkyūjo 1966–1974 ; Ōnishi 2016b) à l’aide de techniques modernes de visualisation dialectométriques (Goebl 2011) et d’analyses statistiques spatiales afin de déterminer la validité de l’hypothèse de Yanagita sur les noms de l’escargot, un des fondements empiriques de la dialectologie japonaise.

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