2010
Cairn
Louis Begioni et al., « La déflexivité, du latin aux langues romanes : quels mécanismes systémiques sous-tendent cette évolution ? », Langages, ID : 10670/1.lluhz7
Plusieurs phénomènes concernant l’évolution du latin aux langues romanes – et, plus largement, de l’indo-européen aux langues romanes – reçoivent une nouvelle interprétation lorsqu’ils sont observés sous l’angle de la déflexivité. En élargissant la conception de la déflexivité proposée par la psychomécanique du langage, les auteurs analysent des cas de déflexivité régressive, par antéposition de particules (articles, pronoms, diminutifs et augmentatifs, particule de gérondif, futur analytique, particules de subordination) et des cas de déflexivité progressive, par post-position (négation française et des dialectes de l’Italie du nord, complément de nom, place des subordonnées relatives et conjonctives). Ils s’interrogent sur les causes d’une restructuration aussi vaste et aussi diversifiée. Ils montrent qu’elle est liée au changement de catégorie typologique des langues : on est passé d’une langue agglutinante (l’indo-européen) à une langue flexionnelle (le latin), puis à des langues de plus en plus proches du type isolant (les langues romanes). L’élément moteur de toute cette évolution est à voir dans le déplacement syntaxique du verbe qui, de la position finale dans la phrase propre aux langues agglutinantes, s’est anticipé et a ainsi ouvert la voie à la phrase complexe pluri-propositionnelle.