Isabelle Grangaud, historienne moderniste, fait le récit de son parcours professionnel depuis le choix de ses études d’histoire jusqu’à la rédaction de son habilitation à diriger des recherche en 2019

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1 juin 2020

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Véronique Ginouvès et al., « Isabelle Grangaud, historienne moderniste, fait le récit de son parcours professionnel depuis le choix de ses études d’histoire jusqu’à la rédaction de son habilitation à diriger des recherche en 2019 », Ganoub, archives sonores de la recherche, ID : 10670/1.lpvevm


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Sollicitée par l'enquêtrice, le témoin débute l'entretien par une réflexion sur le pourquoi du choix de la discipline historique et son orientation vers la micro-histoire. Isabelle Grangaud revient sur un cours de philosophie de sa classe de terminale à Alger qui portait sur la temporalité et sur les définitions que l’on peut donner au passé. Elle est alors d’autant plus intéressée par cette question qu’elle a grandi dans un « pays neuf » où ses parents ont fait le choix de la nationalité algérienne, engagés dans un pays socialiste et moderne et dont l’histoire débute en 1962 pour « lâcher ses vieux oripeaux et commencer une nouvelle aventure ». Elle hésite un instant à s’inscrire à Paris en anthropologie mais la discipline est considérée comme une science coloniale dans cette nouvelle Algérie, ce sera donc l’histoire. Elle a deux enfants et travaille pendant ses études, son troisième enfant naîtra juste après la soutenance de sa thèse. Après une maîtrise en histoire antique et deux DEA - tous trois sur l’Algérie -, elle obtient une allocation de thèse de l’EHESS en 1989, dirigée par Lucette Valensi qui l’oriente vers les sources Ottomane. Elle s’appuie sur des documents consultés principalement à Constantine, en 1991 puis en 1994, mais aussi des archives privées, qu’elle dépose régulièrement aux archives de la ville. La question des sources devient centrale dans sa recherche car elles sont rares sur cette période et leur conservation semblent parfois l’effet du hasard d’autant plus qu’elles peu ou pas du tout contextualisées. Cette rareté va la rapprocher d’un réseau maghrébin, en particulier tunisien autour de Mohamed Hédi Chérif, Sami Bargaoui ou Kmar Bendana... C’est d’ailleurs à Tunis qu’elle découvre dans le département des manuscrits à la Bibliothèque nationale une histoire de Salah Beh roi de Constantine rédigée par Tahar ben Heged, de 1850 qu’elle va utiliser dans sa thèse. Elle intègre également un réseau d’historiens de la ville et spécialistes de la micro-histoire qu’elle avait commencé à découvrir dans le cadre du séminaire de Jacques Revel ; il l’introduit aux recherches de Giovanni Lévi et ce dernier à celles de Simona Cerutti dont elle va suivre également le séminaire. Cette réflexion sur la contextualisation de ces sources, si rares et peu bavardes, la pousse à se préoccuper à la façon dont elles ont été recueillies et finalement à la façon dont elles ont été construites et présentées à l’époque coloniale. Elle garde un souvenir très positif de sa soutenance de thèse en mai 1998 et de sa combattivité face à un jury qui avait beaucoup apprécié son travail et sa démarche qu’elle défend vis-à-vis des sources. Elle obtient dès 2000 (après un premier essai) un poste de chercheure à l’IREMAM. Cette intégration est l’occasion d’un récit amusé de sa première intervention au sein du laboratoire qui a permis d’avoir son « ijaza » (diplôme en langue arabe) car au cours de la discussion qui suit sa conférence, André Raymond affirme publiquement « C’est exactement comme ça qu’on fait de l’histoire ». Sa thèse est publiée en 2002 sous le titre « La ville imprenable : histoire sociale de Constantine au 18ème siècle ». Republiée en 2004 en Algérie elle y reçoit un franc succès dans la presse et auprès du public. Elle commence à penser à rédiger une HDR en 2008 et décide de travailler sur les sources d’Alger. Les sources constantinoises étaient rares et complexes, aussi elle pensait trouver plus de matériaux et plus de collègues qui avaient pu travailler sur le fonds conservé aux Archives nationales d’Outre-Mer à Aix-en-Provence. Mais d’autres problèmes se dessinent : la documentation est gigantesque, les informations difficiles à lire, les machines de lecture des bobines obsolètes, leur utilisation laborieuse, le classement est sommaire et différent en Algérie et en France. La complexité de la mobilisation de ces sources rend donc difficile la façon de comprendre la logique de cette documentation et de son organisation et prolonge le temps de l’écriture. Elle soutient son habilitation en 2018 (Paris 1) avec un mémoire sous le titre « Histoire, sources, comparaison. Le Maghreb moderne vu de près » Son mémoire de synthèse reprend ses problématiques des usages des archives (« Histoire, sources, comparaison »). Maintenant soulagée du poids d’avoir terminé ce travail académique et elle souhaite désormais enseigner. C’est dans cet objectif qu'elle a rejoint le laboratoire Norbert Elias en 2019 au sein de l'EHESS, Marseille. Dans l'avenir, elle souhaiterait ouvrir un champ de recherche sur les questions que posent l’historiographie maghrébine, trop souvent absente de l’histoire ottomane bien qu'elle soit essentielle pour comprendre l'histoire de cet Empire (cf. Le titre de son mémoire inédit « L’Empire de près. Bayt al-mâl, transmission et droits d’appartenance à Alger à l’époque moderne »).

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