1 janvier 2018
Dominique Juhé-Beaulaton et al., « Les forêts sacrées en Afrique (Bénin et Gabon) : des refuges polyvalents, des histoires communes », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.lvgdvl
Au sud du Bénin et au sud-est du Gabon, des îlots forestiers ou des portions de forêt sont des sanctuaires dont le contrôle est assuré par des principes religieux (interdiction d’y pénétrer, de prélever du bois...). Le respect de ces règles a pu varier dans le temps selon plusieurs influences (conflits entre populations, diffusion de religions monothéistes,…). Ces pratiques ont assuré leur conservation malgré une anthropisation croissante. Les sources historiques nous apprennent qu’en plus de leur fonction religieuse, ces sanctuaires boisés ont également servi de refuges dans certaines situations comme lors des razzias d’esclaves ou des guerres de conquête coloniale. Ces forêts peuvent aussi être des lieux de cure, de traitement de certaines pathologies par des adeptes des sociétés initiatiques. Enfin, d’autres aspects contemporains peuvent être soulignés : des marginaux fuyant les autorités s’y réfugient, des personnes sans revenu tentent d’en exploiter les ressources. Pour certains habitants, ces sanctuaires boisés représentent des hauts lieux de la sorcellerie et doivent être défrichés pour s’en prémunir, alors que d’autres acteurs y voient un potentiel de développement touristique. Ces exemples de la forêt refuge en Afrique montrent bien la diversité des aspects que peut revêtir la question du refuge, sans oublier celui de la faune et de la flore dans un contexte de déforestation en cours.