Pour une typologie actorale, narrative et esthétique des « échanges de corps » dans quelques séries télévisées.

Résumé Fr

Cette communication a pour objectif de déterminer les multiples modalités d'analyses des situations d'échanges de corps dans les séries télévisées des genres de l'imaginaire. L'échange de corps est analysé comme une étude de cas du concept plus général de "character overhaul" selon Jason Mittell. Tout d'abord, la communication envisage le rapport que le public entretient avec les acteurs sous l'angle d'une dialectique "familiarisation/défamiliarisation".Premièrement, la communication propose d'analyser l'"ocularisation" adoptée. Soit le public de la série perçoit le personnage tel qu'il se perçoit lui-même ("ocularisation subjective"), soit le public perçoit le personnage tel que le perçoivent les autres personnages dans la diégèse (ocularisation zéro). Dans le cas d'une ocularisation subjective, l'acteur joue toujours son rôle, malgré l'échange de corps, tandis qu'avec une ocularisation zéro, l'acteur doit remanier sa façon de jouer. De fait, le "répertoire gestuel" adopté par un acteur est transféré sur un nouvel acteur. L'analyse doit tenir compte des inventions actorales proposées sous l'angle des "signes". Un geste peut être un signe renvoyant à une identité fixe, ou bien être un signe renvoyant à une identité évolutive. L'évolution des personnages nous oblige aussi à tenir compte de la sérialité et du format narratif. Le format narratif distingue l'épisodique, le semi-feuilletonnant, et le feuilletonnant, tandis que la sérialité permet de rendre compte de la mobilisation de la "mémoire" de la série, quel que soit le format narratif. Par exemple, dans la série "Supernatural", l'échange de corps concerne un personnage principal et un personnage épisodique (sérialité moyennement investie). Dans "Stargate SG1" et "Buffy contre les vampires", l'échange de corps concerne deux personnages principaux (sérialité très investie malgré un récit strictement épisodique). L'analyse du "character overhaul" peut dorénavant investir à la fois la dimension esthétique (quelle ocularisation ?) actorale (signification plurielle des gestes), narrative ("remaniement" du personnage sur un épisode, une saison, ou même l'entièreté de l’œuvre), et sérielle (quels personnages concernés ? Et quelle mémoire investie ?)