12 octobre 2022
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Mar Fournier Pereira, « Biopolitique, imaginaires et tensions dans l'espace urbain : Une critique décoloniale du discours d'inclusion dans la ville de San José, Costa Rica », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.mz9uuk
Les discours sur l'inclusion ont pris une importance particulière dans la politique costaricienne. Les partis politiques promettent l'inclusion, les ONG rivalisent pour obtenir des fonds de coopération internationale afin de développer des projets dans ce sens, les collectifs demandent l'inclusion, les entrepreneurs et les corporations offrent des produits, des espaces et des expériences inclusives. Cependant, lorsqu'on analyse ces discours et ces pratiques, la notion d'inclusion semble, paradoxalement, trop laxiste et en même temps ces bénéfices sont limités à un petit secteur de la population. Cette thèse cherche à analyser, dans une perspective décoloniale, ces discours dominants et ces pratiques d'inclusion dans la ville, ainsi que les réflexions des personnes qui habitent la ville. Je cherche également à élucider les façons dont la biopolitique traverse les discours d'inclusion, générant de nouvelles façons de réguler les populations. En ce sens, dans cette recherche, les discours et les pratiques d'inclusion sont compris comme des processus à la fois culturels et matériels.Dans cette recherche/thèse, je poursuis deux hypothèses : (1) les projets conservateurs et progressistes d'inclusion à San José partagent la rhétorique du "sauvetage", qui implique l'intervention sur les corps et les espaces, façonnée par les imaginaires sociaux sur l'identité nationale, et donc, (2) la notion d'inclusion au Costa Rica reproduit la colonialité du pouvoir. Cette approche se fonde sur la provocation de Christina Hanhardt, qui invite à considérer la ville comme un point de contact critique pour analyser la façon dont la politique, les politiques et la propriété ont façonné de manière indélébile les mouvements sociaux LGBT, en particulier en réponse à la violence (Hanhardt, p. 11). En ce sens, je conçois la ville de San José comme un nœud critique pour analyser comment la biopolitique et les imaginaires nationaux ont modelé les mouvements sociaux pour l'inclusion (y compris les LGBTIQ+). En dialoguant avec les habitants de la ville qui sont exclus des politiques d'inclusion -demandeurs d'asile trans*, personnes queer handicapées, personnes trans* sans abri, travailleuses du sexe, entre autres-, j'analyse les pratiques biopolitiques et nécropolitiques qui sont reproduites dans des divers projets qui s'identifient à partir d'un cadre discursif de l'inclusion. Les tensions que ces projets génèrent produisent des dynamiques de déplacement, d'homonationalisme, de régénération queer, d'hygiénisme social et de spectacularisation de la violence. La thèse est divisée en trois parties. La première partie se penche sur les processus historiques qui produisent les imaginaires de l'identité costaricienne, ce qui est essentiel pour comprendre les relations de pouvoir qui s'établissent aujourd'hui dans et autour des projets d'inclusion dans la ville de San José. Cette partie aborde également certains des principaux développements théoriques dans le domaine de la biopolitique, et les met en dialogue avec les théories et les savoirs produits dans le Sud Global, afin de développer un cadre théorique pluriel pour l'analyse. La deuxième partie analyse les projets qui cherchent à inclure des personnes appauvries et affamées à partir des positions discursives de l'hygiénisme, de la charité ou de la marchandisation dans la ville. La troisième partie analyse une série de discours et de projets d'inclusion néolibérale développés dans divers domaines : politique partisane, ONG, groupes de voisinage, entrepreneuriat gay, marketing de la diversité. La thèse tente de cartographier les relations de pouvoir qui émergent au sein et autour de ces projets, et essaie de montrer les continuités qui existent entre des projets apparemment différents.