"Il suffirait de voir qui je suis, ce que je suis : Corps et Voix" : le problème de l’incarnation anorexique dans Si tu me regardes, j’existe (2009) de Francesca Volchitza Cabrini

Fiche du document

Date

2014

Discipline
Périmètre
Langue
Relations

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/altIdentifier/doi/10.4000/books.apu.11896

Collection

Archives ouvertes

Licence

info:eu-repo/semantics/OpenAccess




Citer ce document

Solange Ayache, « "Il suffirait de voir qui je suis, ce que je suis : Corps et Voix" : le problème de l’incarnation anorexique dans Si tu me regardes, j’existe (2009) de Francesca Volchitza Cabrini », HAL-SHS : littérature, ID : 10.4000/books.apu.11896


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr

Si tu me regardes, j'existe est la première pièce de l'auteure et metteuse en scène italienne Francesca Volchitza Cabrini (inédite, 2009). Jouée pour la première fois en juin 2009 au Théâtre du Tremplin à Paris et en janvier-mars 2010 à la Folie Théâtre puis en tournée en Italie, cette pièce met en mots et porte sur la scène une maladie dont l’évocation, et plus encore la représentation, restent malaisées malgré la forte médiatisation dont elle a pu être l’objet ces dernières années : l'anorexie mentale. Nous proposerons, autour de cette pièce qui s’inscrit parmi les théâtres de la maladie, une réflexion sur la thématique du colloque à partir d’une problématique clinique qui pose des questions d’ordre énonciatif autant qu’elle donne à voir le dérèglement du corps. Dans la pathologie anorexique, où la chair se trouve niée, la parole refoulée, le stade du miroir en quelque sorte renversé, le corps et la voix sont mis à mal, anéantis. Comment, dès lors, dire et incarner sur scène l’être malade, la désincarnation muette, le sujet qui se spectralise en fuyant les regards autant que la prise de parole ? Le fait de porter cette pathologie dans l'espace de la scène met en abyme l'importance du corps et de la voix essentiels au théâtre, puisque d’une part le phénomène de l'incarnation se trouve ici deux fois mis en crise et que d’autre part, d'un point de vue poétique, la structure de la pièce épouse et représente l'un des symptômes de la maladie qui consiste, pour la jeune malade, à entendre des voix intérieures en conflit. Ainsi, tandis que la soustraction du corps voué à la disparition s’accompagne d’une multiplication des voix dans la tête de Claire, dont le prénom dit la transparence, cet effacement de la chair s'oppose à la présence démultipliée des corps d’acteurs sur la scène puisqu’ici chaque discours est projeté et s’incarne, dans un mouvement qui rappelle aussi bien le mécanisme de dissociation intrapsychique que le principe de la triple énonciation au théâtre. Ce travail se penche sur les multiples paradoxes ainsi convoqués par Si tu me regardes, j’existe, et interroge la signification que prennent en ce sens les concepts d’obscénité, d’intime, de polyphonie ou encore de personnage. Dès lors, par-delà les enjeux propres à la pathologie particulière qui est l’objet de la pièce de Cabrini, la problématique à l'œuvre pose au niveau diégétique des questions qui font écho à celles soulevées sur le plan poétique par les phénomènes d'incarnation et de ventriloquie propres au théâtre. Le paradigme anorexique nous semble pouvoir être envisagé aussi comme une métaphore des difficultés à faire exister le personnage et le texte écrit sur la scène vivante et à leur donner corps et voix.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en