2011
Cairn
Marion Bernard, « Le monde comme problème philosophique », Les Études philosophiques, ID : 10670/1.naqk2k
C’est par le problème du monde que le jeune Patočka choisit de reprendre l’héritage husserlien, et c’est par le problème du monde qu’il sera conduit à en briser les cadres, en développant une phénoménologie asubjective dans laquelle le primat de la conscience transcendantale sur l’horizon du monde laisse place à la description d’une existence en mouvement dans, à partir de et vers le monde. Le problème cosmologique est celui d’une phénoménologie qui a pour ambition de se prolonger au-delà d’elle-même, de reconnaître ses conditions de possibilité asubjectives : il renvoie à l’ambition paradoxale de remonter en deçà du sujet – au projet de jeter la philosophie dans une ouverture plus originaire que la clôture du sujet transcendantal. Patočka tente ainsi d’assumer jusqu’au bout le défi de penser depuis les limites mêmes de la phénoménologie.