2011
Cairn
Didier Catarina, « Les tentatives de rationalisation de l’espace judiciaire languedocien entre 1740 et 1789. Le cas des sénéchaux & présidiaux », Histoire de la justice, ID : 10670/1.nki3sf
Si le Grand Siècle avait vu la Monarchie française se préoccuper essentiellement de desserrer l’étau des Habsbourg et d’assurer ainsi la pérennité du royaume, la relative paix du siècle suivant lui permettait enfin de diagnostiquer les carences de l’appareil d’État et d’en envisager la réforme. Parmi les nombreux chantiers ouverts alors par la monarchie, la justice royale occupait, tant sa situation était inquiétante, une place de choix. Si les cours souveraines semblaient échapper au mal qui rongeait le reste de l’institution judiciaire, les tribunaux inférieurs, tout particulièrement les sénéchaux & présidiaux, s’enfonçaient dans une dangereuse et irréversible atonie. Plus qu’une simple crise, ce déclin cachait une réalité aux multiples visages : tribunaux trop nombreux, sièges endettés, charges vacantes ... Pour tenter de résoudre un malaise en grande partie lié à ses propres errements, la monarchie s’attacha à rationaliser, en la redessinant, la carte judiciaire du Languedoc. Malheureusement, répugnant à bousculer un ordre séculaire, prisonnière de la vénalité des charges et gênée par sa propre indigence financière, elle fut finalement impuissante à revitaliser les sénéchaussées et les sièges présidiaux. Néanmoins, si les nombreuses réflexions menées en Languedoc et dans le reste du royaume entre 1740 et 1789 n’eurent qu’un impact limité sur le vieil édifice judiciaire d’Ancien Régime, elles préparèrent les esprits à l’impérieuse nécessité d’une totale refonte du système que la Révolution devait finalement initier.