2022
Cairn
Pouivet Roger, « Les vices de l’art », Le Télémaque, ID : 10670/1.nxqjko
Que l’art doive entrer à l’école, pour que les élèves le connaissent et le pratiquent, est souvent présenté comme une évidence ne méritant pas qu’on en donne des raisons. Comment alors comprendre la critique de la valeur cognitive et éducative de l’art à laquelle Platon s’est livré ? Cette critique est parfois elle-même refusée sur la base d’un rejet de la métaphysique platonicienne et de ses conséquences morales. La modernité et plus encore la postmodernité en auraient pris la mesure. À la thèse platonicienne, on peut aussi opposer une objection cognitive. Les œuvres exigent de notre part une compétence cognitive, essentiellement sémiotique. C’est ce qui lui donnerait sa valeur éducative. Cette objection est cependant elle aussi discutable. Car les œuvres sollicitent non pas seulement des compétences, mais des dispositions ; elles peuvent être aussi bien vertueuses que vicieuses. C’est pourquoi la méfiance à l’égard de leur valeur éducative reste de mise. Ce qui conduit en revanche à défendre le moralisme esthétique. La critique platonicienne de l’art n’est-elle pas justifiée ? L’art est-il si bienvenu que cela à l’école ?