21 juin 2021
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Garance Benoit, « Genèse de l'hypothèse de la nébuleuse stellaire », HAL-SHS : histoire, philosophie et sociologie des sciences et des techniques, ID : 10670/1.nzkk9q
Lorsque Kant publie son Histoire naturelle générale et théorie du ciel en 1755 dans laquelle est présentée pour la première fois l'hypothèse de la formation du système solaire que l'on retiendra comme l'hypothèse de la nébuleuse primitive, deux siècles se sont écoulés depuis la publication du De Revolutionibus de Copernic, et les débats autour des bouleversements induits par la réforme astronomique ne se sont toujours pas éteints. D'un côté, l'épistémologie passionnée de Kepler chargée de métaphysique et de métaphores n'a jamais renoncé à se se demander pourquoi le système était héliocentrique. De manière très ambivalente, sa volonté de décrypter les propriétés les plus intimes de la matière a produit autant de résultats qu'elle a pu, à bon droit, susciter de réserves. De l'autre, l'esprit rigoureux de Newton interdit que l'on s'interroge sur des qualités cachées des choses, et renvoie ultimement à Dieu la justification du fonctionnement du système, ouvrant par là-même la voie à l'occasionnalisme. L'adage est resté célèbre : « hypothèses non fingo ». Kant, lui, façonnera bien une hypothèse, mais pas de celle qu'avait envisagé Newton. Dans la lignée des grandes cosmogénèses de l'époque, et empruntant à Swedenborg une théorie restée relativement confidentielle jusqu'alors, il va offrir au système du champ, non pas spatial, mais temporel, pour rendre raison de l'état du système, en faisant l'économie de tout détour par la métaphysique.