11 mai 2012
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Dominique Diard, « Quatre continents pour créer une « désidérade ». Blessures d’histoire en héritage et poétique d’archipel au-delà de l’héritage », HAL-SHS : littérature, ID : 10.15122/isbn.978-2-8124-2926-2.p.0267
Les mots saignés dont le poète Aimé Césaire recueille le " sang du son " seraient ces "mots-mémoire" hérités de l'Histoire, celle de la colonisation, de la " traite " atlantique, de l'esclavage ou encore des plaies qui se rouvrent à chaque convulsion de cette Histoire ou de la nature. L'île caribéenne fut claustrale pour l'esclave qui ne pouvait la fuir tandis que sa géographie la soumet sans cesse aux violences des cataclysmes, qu'ils soient cyclones, éruptions volcaniques ou séismes qui, autant que l'Histoire, firent d'elle ce " paradis raté " évoqué, toujours par Aimé Césaire, dans Le cahier d'un retour au pays natal. Or, pour Daniel Maximin il ne s'agit donc pas tant de réécrire l'esclavage que d'écrire comment l'homme caribéen s'en est libéré. Précisément, cette " geste " libératrice du Caribéen passe par une vision assumée autant que transcendée des héritages de l'Histoire, de la géographie et de la rencontre de peuples issus de " quatre continents " que Daniel Maximin définit comme participant d'une " géopoétique de la Caraïbe ". Aussi, les formes poétiques reçues en " héritage " sont-elles acceptées autant que " marronnées ", libérées, pour une écriture "poreuse" ouverte à tous les apports métissés à l'infini dans une polyphonie hybride issue de la mise en " relation " des héritages pluriels.Pour le poète caribéen, héritier « malgré lui » de la langue française et de l’esclavage, il s’agit surtout d’écrire comment s’en libérer par une vision transcendée. Aussi, les formes poétiques reçues seront-elles « libérées » dans une polyphonie hybride issue de la mise en relation d’héritages pluriels.