20 novembre 2019
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Thibault Deleixhe, « Dire l'interdit. Les stratégies littéraires face à la censure dans le roman polonais et tchèque (1968-1976) », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.o7fp2d
En 1968, les manœuvres répressives des régimes tchèque et polonais précipitèrent la rupture entre l’intelligentsia littéraire et les cadres communistes. À cette même époque, l’institution censoriale achevait de moderniser ses fonctionnements pour faire incomber aux auteurs la tâche de réfréner leurs propres écrits. La courte décennie, qui s’étend de 1968 à la remise en place d’un réseau d’impression et de diffusion clandestines des écrits littéraires, aux alentours de 1976, abonde dès lors en publications officielles traversées par une tension paroxystique entre l’envie de dénoncer et l’impossibilité de le faire.Cette tension a donné naissance à une variété de stratégies littéraires d’accommodation à la censure. Cette thèse s’applique à en dresser un catalogue raisonné et à reconstruire la séquence historique de leurs usages respectifs ; et cela, de façon à démontrer que la succession de ces stratégies participait d’un cheminement réflexif quant à l’obstacle, mais aussi à l’opportunité artistique, que constituait la censure pour l’écriture. Ainsi l’analyse comparée des romans de Šotola, Kramer, Veis, Hrabal, Andrzejewski, Bocheński, Lem et Brandys met-elle à jour quatre types d’écritures, allant de l’outrance rédemptrice à la mise en scène de l’impotence de l’artiste, en passant par la fabrique de silences éloquents ou l’emploi d’allusions soigneusement calibrées.