2009
Cairn
Catherine Glée, « A quoi sert le projet professionnel ? De l'impact d'un outil d'orientation professionnelle sur le management des ressources humaines ou : la prospective, versus individu », Management & Avenir, ID : 10670/1.obheqk
Pour tenter de préserver l’emploi tout en combinant la flexibilité et la sécurité au bénéfice des salariés et des entreprises, la loi de janvier 2005 de programmation pour la cohésion sociale, introduit une obligation d’anticipation au niveau collectif et au niveau individuel. Au niveau individuel, le support concret permettant d’expliciter des intentions d’évolutions professionnelles est le projet professionnel, un outil relevant d’une démarche de prospective et issu du champ de l’orientation professionnelle. Mais comment transposer dans le champ gestionnaire cet outil complexe ? Nous fondons l’analyse de ce passage délicat sur une étude menée au sein d’une grande entreprise leader sur le marché de l’énergie. Nous montrons que les caractéristiques de l’outil, ce qui fait son essence même, peuvent heurter les logiques d’acteur et les modes de coordination des activités. En conséquence, son utilisation au sein des politiques de gestion des ressources humaines nécessite une attention particulière et peut modifier les rôles et responsabilités de chacun. Ainsi de la direction des ressources humaines qui paradoxalement, par la mise en œuvre d’un outil visant à accroître l’autonomie des salariés, voit son action non pas diminuée mais renforcée. Cette utilisation fait apparaître également un usage de l’outil qui dépasse la dimension individuelle et lui confère une dimension sociétale.Dès lors, la question de l’efficacité gestionnaire est englobée et dépassée par celle du sens que l’on peut donner à l’action collective organisée qui se déploie au sein des organisations. Comment utiliser le projet professionnel pour que, tout en favorisant l’employabilité des salariés, il permette l’invention, le déploiement, le renforcement de mécanismes et liens sociaux dans des univers professionnels souvent beaucoup plus fragilisés que libérés par l’injonction à l’autonomie ? Nous proposons ici quelques pistes de réflexions.