7 décembre 2023
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/
Doriane Gomet, « Violences et jeux sportifs en captivité : le cas des sous-officiers réfractaires au travail (1940‑1944) », Presses universitaires de Caen, ID : 10670/1.oi8kwc
Cet article traite de la place et du rôle dévolus aux jeux sportifs dans le cadre de la captivité de guerre. Il s’intéresse plus particulièrement au cas des prisonniers de guerre français retenus sur le sol allemand durant la Seconde Guerre mondiale. Au-delà du contexte dans lequel de telles pratiques culturelles émergent, l’attention se porte sur le cas des sous-officiers français réfractaires au travail. Les sources mobilisées proviennent entre autres des Archives nationales françaises, du Bureau des archives des victimes des conflits contemporains, de l’Alliance universelle des YMCA et du Comité international de la Croix-Rouge. Grâce à cet ensemble hétéroclite, il est possible de constater que les jeux sportifs peuvent revêtir des fonctions et des enjeux très différents dans les camps de prisonniers. Si, pour les organismes humanitaires, ils permettent avant tout d’adoucir les conditions de captivité, les instances allemandes les utilisent essentiellement comme moyen de propagande ou de pression, tandis que pour les prisonniers, ils s’avèrent être des outils prisés de lutte contre l’ennui et la dépression. Outre l’occupation qu’ils fournissent, ils sont aussi l’occasion de créer un pont entre le présent captif, le passé et l’avenir. Qu’ils soient organisés sous forme de compétition ou non, les jeux sportifs leur permettent de fortifier une santé mise à mal, de reconstruire des repères temporels, de renouer avec leurs racines culturelles et sociales et de se projeter dans l’avenir.