L’expérience du VIH et l’éthique soignante à l’épreuve des trajectoires de soins des patients primo-arrivants

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2 octobre 2019

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Victoire Cottereau et al., « L’expérience du VIH et l’éthique soignante à l’épreuve des trajectoires de soins des patients primo-arrivants », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.omsy7s


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Dans l’imaginaire social, « sauver des vies » ne se discute pas. L’actualité récente montre quela France, à l’instar d’autres pays européens, légitime voire légalise désormais un traitementdifférentiel tout en rendant illégales les pratiques de secours sanitaire au nom de l’ainsi nommée« crise migratoire ». C’est dans ce contexte que s’inscrit cette communication visant à lever le voilesur les différentes formes d’inégalités et de discriminations (Lochak, 1987) qui jalonnent l’expérienceet la trajectoire de la maladie des migrants primo-arrivants atteints du VIH/Sida22. Elle repose sur unerecherche réalisée dans quatre villes françaises entre septembre 2017 et août 2018 et prend appui surun matériau composé de 48 entretiens semi-directifs réalisés auprès de migrants primo-arrivants et de53 entretiens réalisés auprès des professionnels et bénévoles du secteur médical, médico-social etassociatif les prenant en charge. L’intervention s’organise en trois temps. Premièrement, l’analyse descaractéristiques des parcours migratoires permet de restituer leur complexité ainsi que la pluralité desprofils des « patients-migrants ». Dans un second temps, nous aborderons leurs modalités d’entréedans le système de soins et plus précisément, leurs conditions d’accès au dépistage et/ou auxtraitements en France. Nous verrons notamment que le diagnostic de séropositivité est souvent vécucomme une déstructuration biographique parmi d’autres (ruptures familiales, professionnelles,résidentielles), engageant les personnes à articuler leur quotidien et leurs valeurs personnelles à latrajectoire de soins. Or, l’accès aux soins des migrants ne cesse de se complexifier ces dernièresannées, notamment au regard du durcissement des conditions d’obtention de l’Aide Médicale d’État(Carde, 2009). Face à ces obstacles, les professionnels de santé exercent dans un contexte de travail deplus en plus contraint et borné. Ainsi, dans un dernier temps, nous nous concentrerons sur cesprofessionnels qui sont amenés à bricoler, à co-construire avec les patients des solutions afin de rendreeffectif l’accès aux soins et aux traitements, parfois à la limite de la légalité. Ces « pratiquesbuissonnières » (De Certeau, 1990) signent l’existence d’une résistance discrète, d’une luttesilencieuse menée au quotidien contre les inégalités et discriminations dans l’accès aux soins desmigrants, et pour préserver leur éthique soignante et/ou humanitaire. Toutefois, la limitation desressources dont disposent les soignants est susceptible de les conduire à une hiérarchisation morale des« besoins » des patients qui a pour revers de masquer les inégalités sociales que ces derniers subissent.In fine, l’étude invite à déconstruire la rhétorique de la « crise » dans les politiques migratoiressécuritaires et les politiques d’austérité budgétaires pour se situer au plus près des processus moraux etdes rapports sociaux à l’œuvre dans l’accès aux soins des primo-arrivants en France.

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