Territoires/Territorialisation

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1 janvier 2005

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science politique

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Alain Faure, « Territoires/Territorialisation », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10670/1.orubwg


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Depuis quelques années, les références au territoire ou à ses dérivés dans les sciences sociales se révèlent d'un usage assez problématique en raison des incertitudes de sens qu'elles expriment. D'une part, le terme génère souvent des acceptions ambiguës dans les discours experts. Les invocations récurrentes et réversibles aux “ projets de territoire ” et aux “ territoires de projet ” en donnent une belle illustration. De même le qualificatif passe-partout de “ territorial ” est-il sur-utilisé pour donner des vertus aux termes de gouvernance, de légitimité, d'équité, de développement, de continuité, de leadership ou d'excellence. La “ territorialisation ” des politiques publiques devient aussi une sorte d'évidence dans l'action publique sans que l'on sache toujours s'il s'agit de déconcentration, de décentralisation ou de management organisationnel. Qui plus est, le terme ne favorise guère les confrontations dans la mesure où il s'accompagne d'exportations scientifiques pour le moins incertaines. Sans traduction vraiment satisfaisante (local, place, territory...), le territoire reste entaché d'une spécificité française qui rend difficile les passerelles avec les notions anglosaxonnes de local government, urban regime, urban governance, policy networks ou encore growth coalition.De fait, la notion de “ territoire ” possède un statut ambigu car elle est à la fois omniprésente dans les débats portant sur les questions de pouvoir ou d'institutions, mais quasiment jamais théorisée en tant que telle en France dans les sciences du politique. Dans sa thèse consacrée à “ L'invention du territoire ”, Paul Alliès situe les fondations de cette étrangeté à la Révolution française. La notion s'est imposée à partir d'une représentation “ naturelle ” des frontières politiques de la France, alors qu'elle se dessinait surtout sur une construction juridique singulièrement attachée aux rouages administratifs de l'État-nation en formation. Pendant deux siècles, cette imbrication politico-administrative initiale a toujours été décrite dans la littérature spécialisée comme une marque constitutive de l'exception française et du centralisme républicain. La commune et le département ne sont alors conçus que comme les espaces intérieurs du territoire national. Cependant, le terme subit des modifications de sens depuis quelques décennies sur ses deux fondations administratives et politiques. La première transformation apparaît dans les années 80 et 90 avec la place croissante que prennent, dans les études sur l'action gouvernementale, les analyses consacrées aux conditions de mise en œuvre des politiques publiques à l'échelon local. Le second changement, plus contemporain, est lié à la responsabilisation croissante des collectivités locales. Il se caractérise par l'évolution des langages savant et expert pour qualifier l'action publique autour du terme dérivé de “ territorialisation ” et de qualificatifs tels que “ territorial ” ou “ territorialisé ”. Ces évolutions sont sans doute des symptômes de la crise du modèle français d'administration, en ce sens qu'elles révèlent sur le plan théorique des enjeux politiques inédits de territorialité liés au processus général de décentralisation dans tous les systèmes politiques nationaux.

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