Travel Writings in the “Desert”: Indigenous Otherness in the Heart of South America (Gran Chaco, 1882-1911) Relatos de viajes en el “desierto”: alteridades indígenas en el corazón de América del Sur (Gran Chaco, 1882-1911) Des récits de voyage dans le « désert » : altérités autochtones au cœur de l’Amérique du Sud (Gran Chaco, 1882-1911) En Es Fr

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15 décembre 2022

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Antoine Rousseau, « Des récits de voyage dans le « désert » : altérités autochtones au cœur de l’Amérique du Sud (Gran Chaco, 1882-1911) », HAL-SHS : histoire, ID : 10.4000/nuevomundo.90913


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Résumé En Es Fr

From 1882 to 1911, more than twenty expeditions travelled the Pilcomayo River region, which spanned the states of Argentina, Bolivia and Paraguay. The Gran Chaco is a vast area in which the indigenous peoples remained relatively autonomous. Travel writings were published by the military, representatives of the local authorities, explorers or scientists who led these expeditions. Reading them allows us to study the construction of indigenous otherness in relation to this space and the populations that populate it. These are nourished by the collective representations forged in distant circles of power, but the narratives give an account of their displacement. The interactions they transcribe lead to an improved understanding of the behavior of the populations encountered. An act such as a murder, which testifies to the failure of the encounter, can then be understood by highlighting the logics that favored its irruption. In this space with fluid borders, reciprocal influences are exerted: under a general background of attraction to the colonizing society, some individuals will, conversely, flee its discipline to find refuge in the 'desert'. But despite the intensity of the exchanges and the shared emotions, a defense of otherness persists.

Entre 1882 y 1911, más de veinte expediciones recorrieron la región del río Pilcomayo, que abarcaba los estados de Argentina, Bolivia y Paraguay. El Gran Chaco es una vasta zona en la que las poblaciones indígenas se mantenían relativamente autónomas. Militares, representantes de las autoridades locales, exploradores o científicos que dirigían estas expediciones, publicaron sus percepciones de estos espacios en cuadernos de viaje. Su lectura nos permite estudiar la construcción de la alteridad en relación con este espacio y las poblaciones que lo pueblan. Estas se nutren de las representaciones colectivas forjadas en círculos de poder distantes. Las narraciones dan cuenta sin embargo de su desplazamiento. Las interacciones que transcriben permiten comprender mejor el comportamiento de las poblaciones encontradas. Un acto como un asesinato, que atestigua el fracaso del encuentro, puede entonces comprenderse poniendo de relieve las diversas lógicas que favorecieron su irrupción. En este espacio de fronteras fluidas se ejercen influencias recíprocas: bajo un trasfondo general de atracción hacia la sociedad colonizadora, algunos individuos huirán de la disciplina de ésta para refugiarse en el “desierto”. Pero, a pesar de la intensidad de los intercambios y de las emociones compartidas, persiste una defensa de la alteridad.

De 1882 à 1911, plus d’une vingtaine d’expéditions ont parcouru la région du fleuve Pilcomayo qui se déploie sur les États argentin, bolivien et paraguayen. Le Gran Chaco est alors un vaste espace dans lequel les populations autochtones demeurent dans une relative autonomie. Des récits de voyage sont publiés par les militaires, les représentants des autorités locales, les explorateurs ou les scientifiques qui dirigent ces expéditions. Leur lecture nous permet d’étudier la construction d’altérités autochtones relatives à ce territoire et les populations qui le peuplent. Celles-ci se nourrissent des représentations collectives forgées dans les cercles de pouvoir lointains, mais les récits rendent compte du déplacement de ces dernières. Les interactions qu’ils transcrivent entraînent une compréhension améliorée du comportement des populations rencontrées. Un acte comme un assassinat, qui témoigne de l’échec de la rencontre, peut alors être compris en mettant en évidence les logiques qui ont favorisé son irruption. Dans cet espace aux frontières fluides, des influences réciproques s’exercent : sous un fond général d’attraction de la société colonisatrice, certains individus vont, à l’inverse, fuir sa discipline pour trouver refuge dans le « désert ». Mais en dépit de l’intensité des échanges et des émotions partagées, une défense de l’altérité perdure.

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