10 juillet 2023
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Sarah Irving, « Donations and their destinations in the 1927 Palestine Earthquake », Revue d'histoire culturelle, ID : 10670/1.p2cn1e
Peu de temps après le tremblement de terre de 1927 en Palestine, les membres de la congrégation sépharade de Jérusalem contactèrent leurs coreligionnaires londoniens pour leur demander de l’aide en vue de la reconstruction des maisons et des synagogues. Pour ce faire, ils se sont appuyés sur les relations de longue date par lesquelles les Juifs européens avaient contribué à aider les communautés juives en Terre promise. Dans ce cas, une controverse apparut lorsque des fonds levés par la congrégation espagnole et portugaise de Londres furent fusionnés avec l’aide plus ample acheminée par le Conseil des députés des Juifs britanniques à un comité de collecte de fonds ethniquement mixte à Jérusalem. Non seulement l’argent des sépharades de Londres ne fut pas utilisé spécifiquement pour les congrégations de Jérusalem, mais une grande partie fut utilisée pour aider les victimes arabes démunies. Cet article situe ce conflit interne dans le contexte plus large de l’action humanitaire, reconstituée à partir de sources émanant du gouvernement du Mandat et d’organisations religieuses travaillant sur son territoire, de la presse palestinienne, et de mémoires et autres souvenirs du tremblement de terre. Il montre comment les expériences du tremblement de terre et de l’action humanitaire ont impliqué à la fois les Juifs et les Arabes en Palestine, ainsi que leurs réseaux internationaux, dans le but d’aider les personnes les plus touchées. Toutefois, il met aussi en évidence les différentes perceptions de ces réseaux de solidarité et d’engagement, pour certains anciens, et la concurrence autour des fonds qui en a résulté, déclinée en termes géographiques, communautaires et ethniques, ce qui vient contredire les stéréotypes sur les relations intercommunautaires sur le territoire du mandat palestinien, et contribue à une compréhension plus fine des relations judéo-arabes. L’étude de cette concurrence entre les perceptions de l’aide s’insère en outre dans une histoire de l’action humanitaire en plein développement, et aux efforts d’écriture d’une histoire intégrant les points de vue des bénéficiaires de l’aide tout autant que ceux des donateurs et des organisations de secours.