2019
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Sophie Bouffier, « Arethusa and Kyane, Nymphs and Springs in Syracuse: Between Greece and Sicily », HAL-SHS : archéologie, ID : 10670/1.p3c1cq
L'article propose d’examiner les exemples d’Aréthuse et de Cyané, deux sources du territoire syracusain qui ont connu une certaine gloire dans le monde antique. Selon la légende, la première, Aréthuse, nymphe d’Artémis, originaire du Péloponnèse, aurait traversé les mers pour échapper à la fougue du fleuve olympien Alphée. Une fois sur le sol d’Ortygie, au coeur de la fondation corinthienne, elle aurait été métamorphosée en source par sa patronne, et le fleuve l’aurait suivie et aurait uni ses eaux aux siennes, instaurant ainsi un lien éternel entre le Péloponnèse, patrie du dieu des dieux et la Sicile, terre de diaspora grecque. Par opposition, Cyané est une nymphe autochtone qui se serait opposée à Hadès lors du rapt de Koré et que le dieu aurait transformée en source pour la punir. Ces deux sources ont la particularité d’avoir été intégrées dans le patrimoine mythique de la culture grecque et d’avoir ainsi dépassé les frontières de leur île d’adoption. Dès la fin du vie s. av. J.-C. Aréthuse est évoquée abondamment par les sources textuelles, depuis Pindare, premier auteur, semble-t-il, à l’avoir mentionnée, jusqu’aux sources latines impériales tardives, voire byzantines. Elle est l’une des nymphes les plus populaires de la tradition grecque. Sur la source Cyané, Diodore de Sicile atteste des sacrifices très anciens, qui dateraient de la venue d’Héraclès en Sicile. Lieux probables de culte, ces sources sont également des instruments de la fertilité territoriale et de la fécondité féminine de l’apoikia corinthienne. On cherchera à mettre en exergue le rôle symbolique qu’elles ont joué toutes les deux, à la fois dans la culture syracusaine, dans les liens de syngénéia entre la métropole et la colonie, ainsi que dans la koinè panhellénique.