1 octobre 2013
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Thomas Jonas, « L'universalité du mythe et le rôle de la traduction, ou le paradoxe de l'impossible transmission culturelle : étude comparée de quelques Faust français », HAL-SHS : littérature, ID : 10.17184/eac.9782813000828
En comparant plusieurs traductions françaises du premier Faust de Goethe, prises à des époques différentes, nous nous apercevons que les différences de détails livrent un esprit général du texte sensiblement différent : une Marguerite plus coupable chez Nerval, un Méphistophélès plus bouffon chez Lichtenberger, un Faust plus révolté chez Malaplate. Traduire consiste à passer un texte dans une langue, mais aussi une culture d'arrivée, qui est elle-même un système de signes mis en commun. Influencées par ces signes (la redécouverte du Docteur Faustus de Marlowe, le topos romantique de la pécheresse repentante), nos traductions témoignent du paradoxe de l'impossible transmission culturelle d'une œuvre et d'un mythe qui se veulent universels. Ce caractère universel ne tient dès lors pas d'une composante invariable à travers le temps et l'espace mais au contraire d'un logos toujours fuyant, dont chaque traduction révèle une nouvelle facette, miroir de sa culture et de son époque. Lieu originaire de ce logos perdu, l'universalité de l’œuvre apparaît ainsi dans ce dynamisme infini de retraduction et réappropriation, dont le seul élément invariable, transmissible, se cristallise autour d'un pur signifiant, le nom mystérieux et à jamais fascinant de Faust.