1 octobre 2019
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Isabelle Gadoin, « Looking into glass: Moments of Unvision in the Poetry of Thomas Hardy », HAL-SHS : littérature, ID : 10.4000/fathom.1204
Le verre du miroir est, chez Hardy, une étrange matière, à la fois transparence et obstacle, qui n’offre aucune image fixe à qui le contemple, mais met en branle tout un mouvement de superposition et de substitution d’images : dans le miroir, le sujet reconnaît en palimpseste celui qu’il a été, et devine celui qu’il sera ou pourrait être. Mais l’image du miroir ne traverse pas seulement le temps, elle pénètre aussi les surfaces, renvoie le visible à l’invisible, et vice versa, pour poser silencieusement la question ontologique fondamentale : qui suis-je ? Ainsi les miroirs hardyens imposent-ils sans cesse l’épreuve déstabilisante d’un anti-narcissisme : le sujet ne s’y reconnaît plus, et n’y saisit que la distance de soi à soi, dans un monde régi par d’énigmatiques présences, tout aussi indéchiffrables que le destin humain.