17 avril 2023
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Charles Ramond, « « Le ‘choix existentiel’ sartrien peut-il s’interpréter en termes de ‘préférences’ ? » », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.pvcwt1
Comme le montre le passage célèbre de la « pierre qui tombe » dans l’Appendice de la première Partie de l’Éthique de Spinoza, on ne peut jamais expliquer ou justifier intégralement une action ou un phénomène, à moins de se réfugier dans « la volonté divine », c’est-à-dire, comme dit Spinoza, dans « l’asile de l’ignorance ». Une philosophie de l’immanence aboutit ainsi, paradoxalement bien que nécessairement, à une théorie de la pure préférence injustifiée. L’existentialisme sartrien enveloppe lui-aussi l’idée (très proche de « l’absurde ») selon laquelle nos vies reposent fondamentalement sur des « choix » existentiels absolument injustifiables en eux-mêmes, même s’ils justifient toutes nos actions. Dans ce texte, j’établis, par une démonstration logique et par la méthode du langage ordinaire (« que disons-nous quand ? »), l’équivalence entre le « choix existentiel » sartrien et une « préférence existentielle », et montre que cette dimension fondamentalement injustifiable de l’ontologie comme des pratiques humaines s’accorde aussi bien avec l’absence spinozienne de libre-arbitre qu’avec la liberté sartrienne, car les distinctions entre « liberté » et nécessité », ou entre « activité » et « passivité » s’effacent lorsqu’il est question de « choix » ou de « préférences » existentiels, par exemple lorsqu’il est question de « vocations » politiques, esthétiques ou religieuses.