1997
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Marie-Hélène Zylberberg-Hocquard, « Grèves d’été, grèves d’automne, femmes et mouvement social. L’année 1953 annoncerait-elle l’année 1995 ? », Les Cahiers du Genre, ID : 10670/1.pxfdjf
Analysant le mouvement social de décembre 1995, certains n’ont pas hésité à esquisser un rapprochement avec la grève de la fonction publique de l’été 1953. Cette dernière paralyse le pays, et pourtant l’opinion publique, loin de lui manifester son hostilité, s’en montre solidaire. L’action est déclenchée par l’attaque d’un gouvernement de droite contre des acquis sociaux, notamment la Sécurité sociale ; mais au-delà d’une défense d’intérêts, que l’on pourrait taxer de catégoriels, les grévistes expriment le manque de perspectives ressenti par tous, ils sont les porte-parole de citoyens impuissants et déçus. Les femmes, actrices dans ce mouvement, sont pourtant invisibles. Huit ans après la fin de la guerre, pèsent lourdement sur elles la pénurie, toujours bien réelle, et la morale traditionnelle, qui ne connaît aucune évolution, les organisations de gauche n’étant pas, loin de là, porteuses de contestation dans ce domaine. Leur taux d’activité est alors un des plus faibles, elles occupent des emplois sous-qualifiés, mal payés, et il serait absurde pour elles de parler de carrière. Nombreuses dans l’administration des PTT, elles y découvrent l’effet libérateur de la grève, et retrouvent des chemins parcourus par leurs aînées.