Suffixes caractéristiques dans l'onomastique personnelle de Béotie à l'époque dialectale

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2017

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Guy Vottéro, « Suffixes caractéristiques dans l'onomastique personnelle de Béotie à l'époque dialectale », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.q27hmg


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0. INTRODUCTIONL'onomastique personnelle de Béotie à l'époque dialectale est riche de près de 13 000 NP et présente les caractéristiques suivantes :— à côté de quelques noms probablement d'origine obscure (= non grecs ?, e.g. Σαρβαλος, Σαγυθιν-ος/-ιδας) et de quelques radicaux très rares (e.g. Ϝαρμιχος, Φαρφōν < παρ(ά)φορος), c'est une onomastique essentiellement grecque avec des formations souvent banales (e.g. -ιππος, -κλης …) ;— mais elle présente plusieurs spécificités :- elle s'est adaptée à l'environnement local et régional : dans le choix des radicaux on peut établir une relation entre anthroponymie et milieu naturel, environnement social et politique ;- du point de vue de la suffixation, elle présente, à côté de suffixes bien connus en grec et majoritaires, quelques caractéristiques notables.0.1. DémarcheLa démarche suivie ici est née d'une réflexion à partir de constata¬tions simples :— inadéquation du vocabulaire traditionnel, e.g. -ιδας qualifié de "suffixe patronymique" ; or, dans le dialecte béotien, on constate que :- Pélopidas n'est pas le « fils de Pélops », mais d' Ἵπποκλος (Plut., Pélop. 3,1), cf. infra § 2, suffixe -ιδας ;- en fait on peut comparer un NP comme Ἀπολλων-ιδας (qui n'est pas le « Fils d'Apollon ») à Ἀπολλων-ιος ; dans cette situation -ιδας apparaît comme une variante combinatoire de -ιος (mais ce dernier connaît d'autres emplois plus importants) ; — il existe de nombreuses séries de NP qui posent la question des diverses nuances apportées par les suffixes : - Κεφαλος, Κεφαλ, Κεφων, Κεφωνιχος- Μενεστροτος, Μεννει, Μεννιδας, Οὐπερμενιδας- Φιθ, Φιθαδας, Φιθων, Φιθωνδας- Φιλλει, Φιλων, Φιλωνιχος, Φιλωνδας- Φρουνος/-α, Φρουνιδας, Φρουνιχος/-α, Φρουνισκος, Φρυνων— c'est par la comparaison des emplois qu'on peut essayer de préciser les valeurs fondamentales de chaque suffixe.Sont donc étudiés ici les suffixes -ε(ι)(ς), -ιχος, -ιδας, -αδας, -ωνδας, -ων, avec des éléments de comparaison apportés par -ιος et les suffixes féminins -ω et -ις ; les conditions d'emploi de ces suffixes se recoupent en effet au moins partiellement.0.2. Eléments pris en comptea) forme usuelleb) variante(s)c) statistiques : 1ères attestations ; nombre de formes probables classées par période ; représentativité de chaque suffixe ;d) aspects morphologiques (flexion…) …e) environnement phonétique et morphologique : présence d'une géminée ? (si oui, existence d’une syllabe précédente longue ?), autres particularités phonétiques (aspirée expressive…) ;f) bases radicales rencontrées : - radicaux simples ou composés, formes tronquées, extension…- thématiques (théonymes, toponymes ou héronymes ? , sobriquets, termes laudatifs …) ;• présentation usuelle (dissyllabique, trisyllabique, quadrisyllabique …) ;g) existence de correspondants féminins directs ? (-ω, -ις, -εια…) ;h) catégories sociales rencontrées : 4 catégories peuvent être établies à partir des textes socialement déterminés : — les "notables" (e.g. stèle des cavaliers, Orchomène, IG 3206, A-4epm ; liste de cabiriarques, Thèbes, IG 2428, A-3em ; « stèle des magistrats » de Thespies, IThesp. n° 84, A-3ef ; magistrats, prêtres et prêtresses [e.g. BCH 50 (1926), p. 408 sq., n° 28,…], leurs pères ; bénéficiaires d'inscriptions en vers , Monuments Piot II (1895), p. 137-143 [= Jeffery n° 1], Thèbes, E-8ef-7ed ; IG 530, Tanagra, E-3em] ; — les "sans grade" (simples citoyens et leurs famille, cf. les catalogues militaires, les listes de donatrices…)— les "esclaves" (cf. les actes d'affranchissement de la période IV, dans Darmezin, p. 27-105, qui recense 117 individus, pour 80 noms différents ) ;- les "indéterminé(e)s" (cf. la plupart des épitaphes, les offrandes au Cabire [IG 3575-4126 ; Wolters-Bruns], …) ;N.B. : les résultats obtenus ne peuvent être qu'indicatifs, compte tenu de la répartition du corpus dans le temps et l'espace (cf. infra § 1), et des usages onomastiques béotiens , mais, comme ils portent sur environ 12500 entrées, ils sont vraisemblables ;— pour illustrer les résultats obtenus, on peut citer dès à présent quelques situations un peu inattendues, e.g. Darmezin n°136 (Thespies, B-3epm ) : Πιθθες (« Le Singe »), fils d'Aristocratès, est un des garants de l'affranchissement de Φιλωνιδας (théoriquement « Fils de Philon »), l'esclave affranchi ; ou encore ibid. n° 71 (Chéronée, 3ef-2ed) : Εὐκλιδας, esclave affranchi sous l'archontat de [Διοκλι]δας (magistrat mentionné dans deux autres actes d'affranchissement contemporains, n° 60 : Διοκλείδου, et 76 : Διοκλίδου).i) Conditions d'emploi (si elles sont connues, cf. Aristophane…) ;j) Origine (étymologie…) et évolutions possibles (suite à de nouvelles habitudes articula¬toires…).0.3. Vocabulaire utilisé ici : — hypocoristique : « (terme) qui exprime une intention caressante, affectueuse, notamment dans le langage des enfants ou ses imitations. Les procédés formels employés pour créer des termes hypocoristiques sont par exemple les suffixes dits « diminutifs » (fillette), le redouble¬ment (chien-chien, fifille), l'abrègement des prénoms (Mado, Alec), ou le choix de termes conventionnellement hypocoristiques (fr. mon petit poulet, mon chou) … » (Mounin 1974) ;— sobriquet : « surnom familier que l'on donne à une personne avec une intention moqueuse ou plaisante, faisant référence à des particularités physiques ou à des traits de caractère de cette personne, à son origine sociale ou géographique, à son métier, à une anecdote de sa vie ou encore formé sur un jeu de mots… » (définition du CNRTL-ATILF) ;— expressivité : « trait linguistique inhabituel, limité à certains contextes d'élocution , et qui se traduit par des particularités phonétiques diverses, comme la réduplication de syllabes, la gémination de consonnes… » ;— aspiration et gémination expressives : sera donc considérée comme relevant de l'expressivité toute aspirée ou géminée présente dans un NP, alors qu'elle est absente du radical de base, e.g. Φιθων (< πίθηκος), Μεννει (< μενε-…).0.4. Corpus utilisé — le corpus dialectal béotien (cf. le répertoire de Vottéro 2001 + mise à jour)— un choix de textes en koinè (dans certains cas en effet l'anthroponymie peut survivre à la disparition du dialecte, au moins un certain temps) : • catalogues militaires (notamment de Thespies, fournissant des listes de noms comparables aux équivalents dialectaux)• textes civiques caractéristiques (et en général assez facilement datables), e.g. la « remise des comptes » de l'hipparque Pompid[ès] à Thèbes (IG 2426, ca 170), le "palmarès des Amphiaraia et Romaia » d'Oropos (IG 420 = IOropos 528, ca 60 av. J.-C. ; à comparer avec le « palmarès des Charitesia » d'Orchomène, en pseudo-dialecte du 1er s. av. J.-C.)— les versions livresques (notamment le volume 3 b) et internet du LGPN, outils indispensables pour les études sur l'anthroponymie grecque, nonobstant les limites épistémologiques liées à ce type de dictionnaire (cf. infra note 26).…/…(34 pages)Plan suivi1. Constatations générales1.0. Données de base1.1. Les faits1.2. Données statistiques simplifiées pour chaque suffixe (-ε(ι)(ς), -ιχος, -ιδας, -αδας, -ωνδας, -ων, + -ιος et -ισκος)1.3. Fréquence des suffixes2. Quelques caractéristiques notables2.1. Formes usuelles et variantes (de -ε(ι)(ς), -ιχος, -ιδας, -αδας, -ωνδας, -ων)2.2. Particularités phonétiques2.3. Mise en perspective des suffixes étudiés2.4. Avec la disparition du dialecte3. Conclusion

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