29 mai 2018
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Maxime Fily, « Caractérisation de la nasalité en contexte de parole : séparation du signal oral et nasal pour la recherche des corrélats de la nasalité dans le signal oral. Application au français et au mandarin », DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.q4906d
Toute langue se construit par le jeu des oppositions phonologiques qui permettent de distinguer les phonèmes. Définie comme la caractéristique d’un phonème réalisé avec ouverture du port vélopharyngé, la nasalité donne lieu à des paires minimales dans la langue. La nasalité phonologique est présente massivement dans les langues du monde. 22 % des langues ont au moins une voyelle nasale et 96,5 % ont au moins une consonne nasale (données UPSID). En considérant la capacité de désychronisation du velum par rapport aux articulateurs buccaux, la nasalité est placée à un niveau supérieur de hiérarchie dans la théorie de Clements (1985), et par sa place dans l’inventaire phonologique du français, elle constitue un objet qui passionne la recherche.La complexité articulatori-acoustique du phénomène a souvent rendu difficiles les analyses couplées, d’où l’idée de séparer acoustiquement le signal oral et nasal. Partant ensuite de ce pattern appelé œil des nasales, très visible dans la partie orale d’une voyelle nasale, un procédé de calcul des dérivées de formants au cours du temps a été mis au point sur le signal séparé, de sorte que soient mesurées lesvariations conjointes des formants liées à l’apparition de l’œil des nasales. Le pincement ascendant des formants haute fréquence et le phénomène de densification basse fréquence est exploité en adossant des critères à la variation des formants, pourvu que les mesures soient précises et le traitement statistique de la variabilité pris en compte. La séparation acoustique oral – nasal permet également d’observer en phonologie de laboratoire les phénomènes d’anticipation et de persévérance du trait nasal, à l’image des mesures de durées de nasalisation différentes sur les codas nasales du mandarin de Taïwan.Le bénéfice attendu au niveau de la linguistique est de disposer d’un outil permettant de mieux décrire et comprendre les phénomènes d’émergence de la nasalité dans les langues du monde et d’en améliorer sa catégorisation.