Outrage sur les plages. La constitution du port du burkini en problème public sous l’angle de la panique morale

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15 mars 2024

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Cécile Leconte, « Outrage sur les plages. La constitution du port du burkini en problème public sous l’angle de la panique morale », Émulations, ID : 10670/1.qsq2g4


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L’article étudie la controverse qui, à l’été 2016, entoure l’interdiction, de facto, du port du burkini sur les plages par une trentaine de communes françaises. En mobilisant le modèle de Cohen pour analyser les cadrages dont font l’objet les porteuses de burkini, cette étude entend montrer ce qui nous semble distinguer la panique morale d’autres configurations du débat public que sont la controverse, l’affaire ou le scandale : à savoir, le processus de construction du « folk devil » comme archétype social menaçant les conditions mêmes de possibilité du vivre ensemble, qui nous semble constituer l’apport central de StanleyCohen à la sociologie des problèmes publics. Si, dans le cas du burkini, ce processus est largement attribuable à une coalition d’acteurs rassemblant intellectuels médiatiques et professionnels de la politique, l’on ne saurait en faire une lecture purement stratégiste. D’une part, le cadrage des adeptes du burkini comme « folk devil » mobilise un certain nombre de représentations relatives au gouvernement des musulman·e·s dans l’espace public propres au contexte français. D’autre part, le cas du burkini permet de remettre au centre de l’analyse une dimension parfois négligée de la panique morale, à savoir sa topographie. Davantage qu’un élément de contexte, la plage apparaît ici comme un espace-enjeu, contesté, dont la territorialisation et la patrimonialisation participent pleinement du processus de constitution du « folk devil ».

The article takes as a case study the controversy that erupted in France in August 2016 following the de facto ban on burkinis on the beaches of the French riviera. By using Cohen’s “moral panic” model in order to analyze how the burkini is being framed in the public debate, it tries to clarify what distinguishes moral panics from other forms of public debates such as controversies, affairs or scandals: namely, the social construction of the ”folk devil” as a stereotyped character threatening the very existence of society – a key aspect of the moral panic model that represents, in our view, Cohen’s unique contribution to the sociology of social problems. Whereas in the burkini’s case, this social construction is mainly the work of media-savvy intellectuals and career politicians, it cannot be limited to a strategic exchange of “coups” between these actors. First, because the construction of women wearing burkinis as “folk devils” owes a lot to preexisting, collective beliefs about the social control of Muslims (and especially Muslim women) in public spaces, that are specific to the French context. Second, because the case of the burkini allows us to focus on an aspect of moral panics too often neglected: namely, places and the different symbols they are endowed with. More than just a background element, beaches – and control over the definition of the “rules of the game” on these specific territories – appear here as what they actually are: disputed territories, whose “territorialization” and “patrimonialization” decisively contribute to the social construction of the “folk devil”.

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