Des artistes entrepreneurs sur le fil : diriger une compagnie de cirque contemporain

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10 septembre 2019

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Marine Cordier, « Des artistes entrepreneurs sur le fil : diriger une compagnie de cirque contemporain », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.qxce9z


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Résumé Fr

Cette communication se propose d'étudier les contours de la figure de l'"artiste-entrepreneur" dans le spectacle vivant subventionné, à travers le cas du cirque contemporain. Si les travaux menés en France sur l'intermittence ont souligné la capacité des artistes du spectacle à se faire "entrepreneurs de leur propre carrière" dans le cadre d'une organisation par projets (Menger, 2002), on souhaite interroger ici leur propension à se faire entrepreneur au sens propre à travers la création d'une entreprise artistique, celle-ci relevant généralement du statut associatif (Marchal, 1992). Loin d'être réservé à une élite de "créateurs" (metteurs en scène, chorégraphes notamment), le fait de fonder et gérer sa propre structure est courant dans le secteur du spectacle vivant: la croissance rapide des effectifs salariés depuis les années 80 s'y est accompagnée d'une forte hausse du nombre de compagnies et de "petits employeurs". Cette figure s'avère particulièrement prégnante dans le cas du cirque, monde de l'art qui a connu en France de nombreuses transformations depuis les années 1970. L'essor du "nouveau cirque" a pris appui sur les démarches entrepreneuriales d'artistes non issus du sérail: revendiquant une démarche de "création", ceux-ci ont préféré fonder leurs propres structures plutôt que de rejoindre les entreprises familiales du cirque dit "traditionnel". L'intervention du Ministère de la Culture a contribué au processus de légitimation de cet art, et à la mise en place d'une politique de soutien (subventions publiques et réseau de diffusion dédié au cirque), créant les conditions favorables à la multiplication des compagnies, dont le nombre est passé d'une cinquantaine dans les années 1990 à plus de 400 aujourd'hui. Quels sont les ressorts de cet entrepreneuriat spécifique, et quelles sont les diverses ressources mobilisées par les artistes pour créer et pérenniser leur entreprise? L'analyse prendra appui sur les entretiens menés auprès d'une soixantaine d'artistes d153BACK TO TABLE OF CONTENTScirque contemporain, réalisés dans le cadre d'une thèse de sociologie (Cordier, 2007) et d'une recherche sur les transitions professionnelles des circassiens et danseurs (Salaméro,Cordier, 2018). On verra que l'artiste qui dirige une compagnie(seul ou avec d'autres associés) renvoie à la figure hybride du "salarié-employeur" : celle-ci permet à un artiste intermittent d'être "salarié par sa propre structure", échappant ainsi "aux codifications traditionnelles du marché du travail" (Corsani, Lazzarato, 2008) dans la mesure où il cumule l'indépendance dans l'emploi avec les protections liées au salariat intermittent. Ainsi fonder sa compagnie traduit à la fois une aspiration à l'autonomie dans le travail (porter ses propres projets, être maître du processus de production des œuvres) et une quête d'indépendance dans l'emploi (travailler pour son propre compte). Elle peut aussi être vue comme une tentative de stabilisation de l'activité visant à contrer la précarité de l'emploi dans le secteur via l'accès à une "indépendance protégée" (Darbus, 2006). Au-delà du simple "portage de projet", il s'agit aussi de saisir les formes du "travail entrepreneurial" déployé pour gérer une petite entreprise artistique, et les effets de celui-ci sur les carrières de leurs fondateurs.Comme pour le théâtre ou la danse contemporaine, l'activité de ces compagnies s'inscrit désormais dans une économie subventionnée où les institutions culturelles jouent un rôle central tant dans le financement que dans la diffusion des spectacles. Si les relations avec celles-ci font partie intégrante du "travail politique" qui incombe aux directeurs de compagnie, elles peuvent également susciter un sentiment de dépendance qui semble aller à l'encontre de l'idéal d'autonomie visé par ces artistes entrepreneurs

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