5 octobre 2016
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Jean-Paul Bravard et al., « Construction et destruction par déflation d’anthrosols des périodes pharaonique à romaine à Amheida (Ttimithis), oasis de Dakhla, désert occidental égyptien », HAL-SHS : géographie, ID : 10.4000/geomorphologie.11479
La plupart des études qui ont été réalisées dans le Désert occidental égyptien traitent du changement climatique depuis la fin du Pléistocène, notamment de l’Holocène humide (10 000-4500 cal. BC) et des modalités de la désertification. Pendant le deuxième Holocène aride, les sociétés humaines ont dû s’adapter à des environnements instables et choisir des refuges où l’eau était en permanence disponible. Une partie des recherches archéologiques réalisées dans le désert occidental ont pris en compte les ressources en eau disponibles et la place de l’irrigation dans la construction de certains sols (anthrosols). Elles ont aussi abordé la question de l’abandon de certains sites par l’épuisement progressif de la ressource en eau. Cet article se focalise sur Amheida (la Trimithis romaine) localisée dans la Dépression de Dakhla et qui fut occupée de la basse époque (712-332 BC) à la fin de la période romaine (fin du IVe siècle AD). Cette oasis est localisée au sud du plateau calcaire libyen ; des sources artésiennes ont fourni une eau abondante pendant la période d’occupation qui a duré de l’Ancien Empire (2700 cal. BC) à la fin de l’Empire romain (fin du IVe siècle AD). Trimithis a été abandonnée après une longue période de prospérité. Les raisons de l’abandon de ce site, comme d’autres dans la Dépression de Dakhla, n’ont pas encore été élucidées.Des recherches géoarchéologiques réalisées en 2011 et 2013 ont mis en évidence plusieurs phases : 1) l’utilisation de sources artésiennes pendant l’Ancien Empire (2700 à 1069 BC) et la formation d’anthrosols liée à l’irrigation de la Basse époque au début de la période romaine (30 BC) ; 2) la dégradation de ces sols par la déflation éolienne au début de la période romaine ; 3) une restauration partielle du périmètre irrigué avant la fin du IIIe siècle AD ; 4) une phase de déflation sévère qui a achevé l’érosion des sols et forcé les agriculteurs à cultiver sur le substrat schisteux.L’étude de Trimithis montre comment les sociétés antiques ont pu composer avec de fortes contraintes environnementales en milieu désertique, pour autant que l’eau était disponible en abondance. Cela s’est sans doute fait au prix d’un travail intense mais le déclin des ressources a empêché l’adaptation des sociétés et a conduit à un abandon rapide et inéluctable. Un modèle résume les principaux apports de cette étude.