1 décembre 2024
Christine Aubry et al., « Places fortes des Hauts-de-France –6– Le démantèlement des fortifications dans les Hauts-de-France (XVIe-XXe siècle). Entre pertes patrimoniales et (re)découvertes archéologiques », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.re8jkc
Si le fait fortifié est particulièrement présent dans les Hauts-de-France, une part importante des enceintes urbaines et des châteaux a disparu depuis l’époque moderne. Ce phénomène trouve davantage son origine dans les démolitions en temps de paix, bien plus efficace que les destructions de guerre. En effet, le démantèlement, qui signifie le fait de se dévêtir de son manteau et par extension les murailles qui protègent un espace, s’inscrit dans une temporalité plus longue et s’effectue avec des moyens plus efficaces que la sape ou le bombardement. Cependant, ces démolitions n’aboutissent pas systématiquement à des disparitions complètes de la fortification. Quand elles sont motivées par des raisons militaires ou politiques, elles consistent à retirer à un point fortifié ses qualités. Les murailles sont alors totalement arasées ou totalement désorganisées par la création de trouées indéfendables. Parfois, ces démolitions se justifient par des enjeux urbanistiques et peuvent se limiter à certaines portions de remparts ou aux portes.Les démantèlements sont une période marquante pour les espaces concernés. En concentrant une main d’œuvre et des moyens importants, ces démolitions constituent des chantiers remarquables qui permettent d’appréhender les enjeux d’une époque, les acteurs impliqués et les techniques utilisées. Transition entre le temps du cloisonnement et celui de l’agglomération dans le cas des enceintes urbaines, les démantèlements provoquent l’émergence d’espoirs, mais également de regrets quant à la disparition, pas toujours désirée, d’un paysage historique évoquée dans de nombreux livres et études rédigés durant les démolitions. Ces travaux s’accompagnent régulièrement de découvertes archéologiques multiples, dont les acteurs, les méthodes et les conclusions ont évolué depuis l’époque moderne. Parfois, il s’agit de redécouvertes car les murailles ont été construites sur des architectures plus anciennes dont l’existence a été oubliée. Dès lors, se pose la question de l’approche scientifique, technique et intellectuelle de l’archéologie préventive bien avant la loi de 2001.