Le cancer en prison (CaPri): Vécu et prise en charge de la maladie en Unité Hospitalière Sécurisée Interrégionale

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Philippe Combessie et al., « Le cancer en prison (CaPri): Vécu et prise en charge de la maladie en Unité Hospitalière Sécurisée Interrégionale », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.rm25q8


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Cette recherche s’inscrit dans une triple perspective : médicale, épidémiologiqueet sociologique. Elle mobilise des données statistiques nationales et reposesur un terrain d’investigation qualitative constitué par deux des huit UnitésHospitalières Sécurisées Interrégionales (UHSI) françaises. Les UHSI, quiprennent en charge les hospitalisations de plus de 48 heures des personnesdétenues, représentent des lieux centraux pour le soin et le suivi des cancers.Le panorama statistique s’appuie sur les données du Système National desDonnées de Santé (SNDS) à partir desquelles a été distinguée l’activité desUHSI. De 2011 à 2020, 2 082 patients atteints de cancer ont séjourné enUHSI (médiane : 186/an). La tendance est stable, avec un taux d’incidencede 0,24% de la population carcérale. Les caractéristiques socio-sanitaires despersonnes détenues sont marquées par des comportements addictifs et defortes comorbidités (notamment diabète, hypertension et dépression) quiconstituent autant de facteurs de risque. Parmi les différentes formes decancer, celui du poumon présente le plus grand nombre de cas (N = 332 ;soit 16%). Arrivent ensuite : ORL (9%), prostate (7%), colorectal (6%) et vessie(6%). Comparé aux données nationales, le cancer du poumon est largementsurreprésenté (16% contre 6%).Les entretiens avec les patients-détenus ont éclairé tant la situation qu’ilsavaient connue au sein des établissements pénitentiaires que ce qu’ils viventau sein de l’UHSI où ils ont été rencontrés. Le concept de « trajectoire demaladie » (Anselm Strauss) trouve, avec l’expérience du cancer en prison, unterrain emblématique. Nous avons dénommé « trajectoire ascendante » lessituations où, pour les patients incarcérés atteints de cancer, la prison constitue,nous ont dit certains d’entre eux, une « chance », parce que cette pathologie,singulièrement lourde, n’avait pas été détectée avant l’incarcération. Nousavons dénommé « trajectoire descendante » les situations où l’incarcérationa contribué, à l’inverse, à ce que le diagnostic et la prise en charge soitparticulièrement longs.Même si des différences entre les UHSI investiguées ont pu être notées, ladimension de ce type d’unité est propice à favoriser la communication entreservices, et, par là même, à prodiguer une attention particulière à des personnesdoublement vulnérables car soumises, d’une part, à une incarcération, d’autrepart à une pathologie lourde.Séjourner en UHSI pour un cancer implique de nouvelles formes desocialisation. Outre le fait d’être soigné pour une pathologie qui dans certainscas était inconnue du patient, celui-ci doit également apprendre les codes etles normes de ce nouvel espace relationnel.Une des recommandations pourrait être de réfléchir à des dispositifs pouraccompagner les justiciables incarcérés malades, et d’insister, outre les aspectsmédicaux, sur les formes de sociabilités nécessaires pour vivre le moins malpossible le cancer en prison.

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