Les exemples du mal dans les Histoires tragiques de François de Rosset

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3 mars 2006

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Jean-Luc Martine, « Les exemples du mal dans les Histoires tragiques de François de Rosset », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.rpfdzl


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Les exemples du mal dans les Histoires tragiques de François de Rosset Je voudrais envisager, à partir des Histoires tragiques 1 , une construction d'exemplarité située sur deux plans, en les associant à l'idée d'une pratique exemplaire de l'exemplarité. Ce jeu formulaire a peut-être le mérite d'indiquer le cercle, ou l'échange, qui s'instaure entre l'exemple rencontré et les exemples que nous nous donnons. Dire que le texte de Rosset est concerné par le mal, n'expose guère. C'est reprendre synthétiquement ce que disent (et redisent) les Histoires. Les singulières aventures qui composent le recueil sont reliées explicitement à cette généralité, voire à cet universel, qu'est le mal. Chacune des histoires articule fermement, sur le plan des intentions, une série de propositions générales (universelles par vocation et formant système) à la série des récits destinés à illustrer, manifester et rendre productifs ces principes généraux. Les formules de l'universel se répondent d'une histoire à l'autre. Elles affirment une présence du mal, qui prend sens dans le cadre du récit biblique qui forme l'arrière plan nécessaire du texte de Rosset. Cette présence paraît, aux yeux d'un témoin prompt à s'indigner et à s'étonner, comme aggravée : le siècle est corrompu et le devenir eschatologique de l'homme est entré dans une phase de crise. Les histoires singulières sont ainsi reliées à une historicité large et les ligatures se font sur le plan de l'éthique. C'est le rôle des énoncés généraux 2 qui ouvrent, referment et scandent les récits, d'assurer le lien entre le particulier des narrations et l'universel postulé d'une Histoire toujours déjà racontée, celle de la Chute et du Salut. Dire que les exemples de Rosset sont exemplaires (d'une manière qu'il faudra préciser) des problèmes impliqués par le discours sur le mal, c'est avancer d'un pas dans une direction qui implique davantage de précautions : il s'agit de construire quelque chose que le texte ne pose pas directement, à savoir le caractère problématique de la représentation du mal sous les traits d'un universel. C'est faire entrer les Histoires dans le réseau extérieur de la pensée spéculative, pour laquelle l'existence du mal est affrontée comme une énigme. L'opération consiste en partie à déshistoriciser le récit en tenant la relation nouée, dans la lettre du texte, entre le particulier et l'universel (ces maux et le mal) pour représentative et exemplaire d'une difficulté (elle n'a pas en elle-même d'histoire) à faire exister le mal, à lui donner de la consistance. On dira, au moins, qu'il s'agit alors de justifier et de produire les raisons de cette construction. Les propos qui suivent sont en partie cette justification, qui s'ouvre à tous les vents de la réfutation. Par la manipulation, exhibée ici un peu lourdement, l'on passe de la paraphrase à l'exégèse, avec tous les risques impliqués par ce passage. Ce qui se noue sur un cas, c'est une relation entre histoire, littérature et philosophie. Ce que je propose, c'est de délier les histoires de leur Histoire pour envisager leurs relations avec la sphère partiellement autonome des idées, et de montrer en retour la résistance du texte à sa projection sur le plan spécifique du concept. L'on conviendra donc sans peine que les Histoires tragiques s'attachent à figurer, à « manifester » et à « faire paraître » le mal, ce que le singulier du terme laisse entrevoir 1 Le texte est cité dans l'édition procurée par Anne de Vaucher Gravili, au Livre de Poche, « Bibliothèque classique », Paris, 1994. 2 Voici le premier, celui de l'histoire I, exemplaire en ce sens qu'il est représentatif : « Ô misérable condition du sort des mortels, comparable à la feuille des arbres ou aux plus belles fleurs qui ne vivent qu'un matin et qui meurent en naissant ! Que ne devenons-nous sages par l'exemple que l'Antiquité nous produit et que ne tâchons-nous de borner nos ambitions ! » Le mal y apparaît dans la misère d'une condition empreinte de finitude, aussi fragile que faillible, ouverte aux passions et en cela objet de plaintes lyriques et amères. Chaque histoire singulière s'articule à une généralité de cette trempe (voici la suture de l'Histoire I : « L'histoire que je vais raconter témoigne de la vérité de mon dire » (p. 38).

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