Computational epidemiology in the age of covid-19: Disciplinary and political implications of a specialty based on the study of networks L'épidémiologie computationnelle à l'ère de la COVID-19 : enjeux disciplinaires et politiques d'une spécialité fondée sur l'étude des réseaux En Fr

Résumé En Fr

COVID-19 has brought to the forefront a group of network engineers specialized in epidemiological modelling. Two questions about this speciality arise here. How are their models built and what does their irruption into the debate in recent months encompass? How have these physicists and mathematicians managed to become epidemiological experts without a background in the health profession? The present article considers such questions by examining the models produced by this specialty, as well as the process of its emergence and the division of labour within it. The final section of the analysis looks back at the first wave of the epidemic and at the debates that it reinforced or opened up in relation to this new specialty. The article is based on a field survey conducted in four computational epidemiology laboratories based in Paris, Turin, Boston and Los Alamos.

La COVID-19 a propulsé sur le devant de la scène des spécialistes des réseaux ayant fait de la modélisation épidémiologique leur occupation principale. Deux questions se posent ici à propos de cette spécialité : d’une part, comment sont construits les modèles et que recouvre leur irruption dans le débat ces derniers mois ; et d’autre part, comment des physiciens et des mathématiciens ont-ils réussi à devenir des experts épidémiologistes sans un parcours de professionnels de santé ? Nous abordons ces questions en étudiant les modèles produits par cette spécialité, ainsi que le processus de son émergence et la division du travail en son sein. La dernière section de l’analyse revient sur la première vague de l’épidémie et sur les débats qu’elle a pu renforcer ou ouvrir par rapport à cette nouvelle spécialité. L’article se fonde sur une enquête de terrain menée dans quatre laboratoires d’épidémiologie computationnelle, basés à Paris, Turin, Boston et Los Alamos.