8 décembre 2007
info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Luc Verrier, « LES FIGURES DE LA COLÈRE DANS LA FICTION DE MARTIN AMIS », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.rrsg1c
Cette étude analyse l’intégralité de la fiction publiée par Martin Amis depuis 1973 en prenant pour fil directeur les figures de la colère. Après avoir rappelé que l’étiquette de « jeune homme en colère » fut dans les années 1950 accolée à Kingsley Amis, le père de Martin Amis, ce travail définit les termes de « colère » et de « figure » à travers un prisme philosophique, linguistique, rhétorique et religieux, autant de perspectives qui sont privilégiées pour l’analyse des figures de la colère. La tonalité comique engendrée par les colères des fripons subversifs, des bagarreurs machistes et des viragos est tout d’abord disséquée dans l’espoir de démontrer l’engagement axiologique du rire amisien, fondé sur la satire ménippée, le réalisme grotesque et la parodie de toutes les formes de sexisme. La deuxième partie diagnostique la veine sublime qui irrigue les écrits amisiens et leur insuffle une modalité gothique et science-fictionnelle qui flirte avec le nihilisme. S’il saisit le lecteur et l’effraie, le sublime amisien repose toutefois sur la primauté de l’art, lequel constitue un viatique permettant à l’homme contemporain de combattre les totalitarismes d’origine scientifique, capitaliste et politique. La dernière partie de cette étude suggère que la tonalité dominante dans la fiction amisienne est d’essence pathétique, comme l’atteste l’importance accordée aux figures mélodramatiques de la colère. Même si les violences commises contre soi-même sous l’emprise de la colère constituent un second pilier pathétique, c’est bien in fine le renoncement à la colère que prône la fiction de Martin Amis. Une telle évolution de l’ire à l’eirēnē trahit l’axiologie humaniste d’une œuvre qui rêve de créer une écriture mythique capable de faire rendre sens au monde.