24 octobre 2022
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Nicolas Laurent, « Double nature du nom propre de lieu et concept individuel », HAL-SHS : linguistique, ID : 10.3917/aco.221.0027
Le nom propre de lieu est à la fois une propriété (il est porté par la rue, la ville, le pays…), un désignateur, et ce qui permet une pensée virtuellement sans fin au sujet de son référent. Lieu nommé, lieu désigné, lieu indéfiniment conceptualisé : c’est à la chronologie du toponyme qu’est consacrée notre contribution. Nous rappelons d’abord dans quelle mesure l’hypothèse d’une « double nature » (Gary-Prieur) du nom propre permet d’éclairer certaines particularités du nom propre de lieu. Nous revenons ensuite sur certains emplois modifiés du nom propre de lieu, en particulier de l’odonyme du type « avenue, rue, place… + nom propre », avant de développer l’analyse du traitement sémantique réservé à « (la) rue Erlanger » dans la Vie de Gérard Fulmard de Jean Echenoz (Paris, Minuit, 2020). Cette rue est un « monde », une construction textuelle invitant à considérer le nom propre de lieu, non comme ce qui permet d’identifier et de distinguer, mais comme ce qui fait exister dans l’espace et dans le temps, et qui, au-delà des usages réflexifs parodiques qui sont ceux d’Echenoz, somme ce qu’on peut voir en lui : le signe d’un concept individuel.