Où est passée la fresque à la mémoire d'Abdelkader Bouziane ?

Résumé Fr

Ainsi s’écrit la mémoire collective des violences policières dans les cités de nos banlieues rénovées. Elle « marque », comme le dit Slimane, mais ne se dépose pas. Elle s’écrit sur le vif, mais ne dure pas. Inutile ici de dire combien cette pratique de la mémoire s’oppose à la monumentalisation de la mémoire collective. À Dammarie, la vérité du présent est qu’à ce groupe social qu’avaient peu à peu formé celles et ceux qui suivaient le destin judiciaire de la mort d’Abdelkader, il laisse peu le loisir du passé. Les vies sont fragiles, heurtées ou violentes, le groupe social se disperse rapidement et ce qui aurait pu donner corps à une mémoire collective retourne à la famille et sa mémoire privée. De son côté, le « renouvellement urbain » encourage bien l’expression éphémère des « arts de la ville » (danse, graff, slam…), mais se soucie peu des traces que pourrait laisser un bâti témoin de temps plus anciens. À l’incessante liturgie mémorielle française s’oppose ainsi, pour le promeneur qui traverserait aujourd’hui la Plaine-du-Lys, un mur effacé, une sorte de mirage urbain, un mur devenu non-lieu. La meilleure trace, sans doute, du sort judiciaire que la justice infligea en son temps à la mort d’Abdelkader Bouziane : un non-lieu.

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