Repenser la violence légitime en démocratie : des Gilets jaunes aux débats sur les violences policières

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7 avril 2023

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Jean-Baptiste Juillard, « Repenser la violence légitime en démocratie : des Gilets jaunes aux débats sur les violences policières », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.rxtw16


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Parmi les énoncés les plus célèbres de la philosophie politique, la phrase de Weber soutenant que l’État revendique pour son compte le « monopole de la violence physique légitime » (Le Savant et le politique) peut à bon droit occuper la première place. Enseignée dans les classes comme une définition classique et consensuelle de l’État, cette sentence est aussi présente dans les discours de personnalités politiques. Cette présence a été accentuée à la faveur des différents épisodes de contestation politique et sociale survenus en France ces dernières années, et particulièrement à l’occasion de la crise dite des Gilets jaunes. Plusieurs philosophes (Frédéric Lordon, Catherine Colliot-Thélène) ont alors exprimé dans des tribunes leur étonnement critique quant à l’usage qui a pu être fait de la phrase de Weber dans les discours politiques. Vidée de toute dimension réflexive, le propos était en effet asséné pour clore toute discussion sur les conditions du maintien de l’ordre ou les excès possibles et réels de l’exercice de la violence légitime. Or, si d’une part la citation de Weber est plutôt une description historique qu’une reconnaissance de légitimité systématique de la violence étatique, elle demande, d’autre part, à être repensée à l’aune des évolutions et transformations de la légitimité étatique en démocratie et de son rapport à la violence. Dès lors, est-il envisageable de reprendre cette notion centrale sans intégrer à sa réélaboration conceptuelle les conditions et conséquences empiriques et concrètes qui sont les siennes ? Les discussions politiques et intellectuelles ouvertes par la crise des Gilets jaunes dans un premier temps, puis dans un second temps par la survenue de plusieurs événements présentés dans le débat public comme des bavures ou violences policières (illégitimes), dans le cadre ou non de l’exercice du maintien de l’ordre en manifestation, amènent immanquablement à souligner l’importance de leur prise en compte. La notion de « violence légitime » et son corollaire qu’est l’activité policière demande ainsi à être appréhendé à partir du terrain social, en tant qu’il est le lieu d’une expérience de la mise en application des principes concernés. Sur le plan philosophique, les perspectives ouvertes ces considérations se présentent sous deux voies. La première est l’idée d’une contingence voire contestation radicale et totale de la police comme institution et du principe même d’une violence légitime, au nom de l’imaginaire utopique du « vivre sans » ; la seconde amène à réfléchir sur les contraintes collectives en cherchant à distinguer nettement ce qui relève de l’usage légitime et de l’excès, tout en s’interrogeant sur les modalités vraisemblables d’amélioration. Quoi qu’il en soit, la reprise d’une notion classique de la philosophie politique procède bien ici d’un rapport au terrain social et politique comme lieu d’application et de crise potentielle des principes régulateurs.

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