31 mars 2022
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Magali Della Sudda, « Ce que la contamination du monde fait aux femmes: Perspectives Alter-féministes sur l’Effondrement. », HAL-SHS : histoire des religions, ID : 10.4000/books.septentrion.129640
La place des femmes dans les mobilisations écologiques et dans la critique de l'exploitation des ressources fait l'objet de redécouvertes récentes. L'éco-féminisme, courant politique et théorique qui embrasse d'un même mouvement la cause de l'environnement et celle des femmes, offre un point de vue situé et aujourd'hui peu visible sur l'effondrement. A l'instar des luttes contre les pollutions industrielles, invisibilisées dans les mémoires collectives, les mobilisations de femmes ont longtemps été oubliées. Ces mouvements et pensées, mises en sommeil durant deux décennies, ont regagné en visibilité dans le contexte actuel. Aux marges de l'espace de la cause des femmes, des groupes féminins proposent une analyse de la crise écologique selon un point de vue de femmes. Ainsi, selon les Antigones, association née en 2014, « La crise écologique est la plupart du temps interprétée en termes éthiques – respect de la nature, responsabilité, etc. Plus encore, la grille de lecture est souvent simplement utilitaire : si la croissance doit continuer, il faut prendre les moyens pour rendre notre développement « durable ». Or l’enjeu dépasse une simple « moralisation » : il s’agit de notre façon de percevoir et de comprendre la réalité ». L'alterféminisme, ainsi qu'il se définit, articule le constat d'un effondrement à une praxis militante qui engage le corps féminin. Parmi les groupes qui le composent, on distingue les Antigones fondées à Paris en 2014, et le courant du Féminisme intégral issu des réflexions menées par d'anciens et anciennes Veilleurs (2013). Leurs réflexions invitent à interroger a manière dont l'effondrement contemporain est saisi par des femmes qui se mobilisent en tant que femmes contre cette disparition annoncée de certaines espèces et équilibres environnementaux et anthropologiques. D'autre part, ces groupes qui partent de leur expérience de l'effondrement offrent un point de vue situé sur la manière dont les corps et leur existence sont affectés par les pollutions et les évolutions technologiques liées au capitalisme néo-libéral. A titre d'exemple, l'exposition aux perturbateurs endocriniens et les effets spécifiques sur la physiologie des femmes (et des hommes) sont conçus comme un symptôme de cette crise et invitent à faire du corps féminin le locus de la résistance. A partir d'entretiens approfondis, d'observations et de textes produits par ces deux groupes alterféministes, nous proposons de restituer cette mobilisation collective articulées aux expériences singulières et intimes que ces femmes font de l'effondrement. Les modalités spécifiques de politisation fondée sur le constat d'une « contamination du monde » profondément genrée seront ainsi développée dans cette communication.