La plupart des hommes ont des émotions une idée si vague que ce vague même de leur idéeest pour eux la définition des émotions

Résumé Fr

Si l’on vous demande ce qu’est une émotion, il est probable que vous répondiez en donnant un exemple. Mais un exemple n’est pas une définition. Si on pose la question à un·e philosophe, un·e poète, un·e psychologue, ou un·e neuroscientifique, les réponses seront différentes. De fait, l’étude des émotions est traversée par un pluralisme qui semble nécessaire. Parce que la question qui se pose alors n’est pas celle de l’existence d’une unique définition, mais bien celle de sa possibilité. Nous pourrions fournir une seule définition des émotions, construite avec des généralités glanées çà et là. Nous pourrions tout aussi bien fournir, en négatif de la première, une définition stricte des émotions, qui ne conserverait que l’essentiel. Mais que faire alors ? Si un objet déborde sa définition, il est mal défini ; mais si la définition est trop vague, alors elle ne s’applique pas qu’à cet objet. Ce que nous voulons savoir – à l’aide de cette citation modifiée de Valéry – c’est si l’idée que l’on se fait des émotions qui est vague, ou si ce sont les définitions que l’on connait qui le sont. Le rapport entre un concept et la définition que l’on en possède n’est pas si évident, d’autant plus dans le cas d’un concept transdisciplinaire comme le sont les émotions. Et le problème n’est pas récent : nombre sont les philosophes qui ont tenté de résoudre le problème de la distinction entre sensation et sentiment. Vouloir définir les émotions, c’est finalement plus une tentative d’unification que d’uniformisation ; cela nous amène à interroger les intérêts et usages d’une telle définition.