6 mai 2010
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Béatrix Pau, « La violation des sépultures militaires, 1919-1920 », Revue historique des armées, ID : 10670/1.s50w7f
Dès la cessation des hostilités le vœu le plus cher de la majorité des familles éprouvées par un deuil de guerre fut de ramener le corps de leur parent mort au feu afin de l’inhumer dans le cimetière communal. Or le gouvernement, qui avait interdit dès le 19 novembre 1914 l’exhumation et la restitution des corps des militaires morts au feu, maintint cette mesure après guerre. Cette prolongation suscita le mécontentement d’un grand nombre de familles. Aussi certains parents, estimant avoir trop attendu et pensant avoir le droit de reprendre leur mort, n’hésitèrent pas à outrepasser à la loi et ramenèrent clandestinement les restes mortels de l’être aimé. Les années 1919 et 1920 furent donc marquées par la violation des sépultures militaires par des parents éprouvés par le deuil et dont le but était de ramener le corps à tout prix. Bafouant la loi et parfois la morale, ils firent appel à des mercantis de la mort ou procédèrent eux mêmes aux opérations. Face à ces exhumations et transports clandestins, la politique de l’État oscilla entre prévention et sanction, mais ces actes illégaux ne furent pas enrayés pour autant.