2005
Cairn
Nathalie Bernardie-Tahir, « Des « bouts du monde » à quelques heures : l'illusion de l'isolement dans les petites îles touristiques », Annales de géographie, ID : 10670/1.s8w4dd
Dans l’imaginaire collectif, l’île représente encore aujourd’hui la forme emblématique de l’isolement. L’image fascinante de cette terre coupée du monde par une barrière marine stérile et isolante s’est en partie construite au travers de textes littéraires, relations de voyages ou récits historiques mettant en scène les figures de la prison, du refuge, de la robinsonnade… autant de représentations abondamment reprises et réactivées par la communication touristique. L’isolement est devenu vendeur et constitue assurément un des ressorts essentiels de l’attractivité du produit touristique insulaire. Mais que faut-il entendre par isolement? Cette notion s’avère en effet de plus en plus difficile à circonscrire, ce que semble souligner la multiplication d’indices de mesure tous aussi inopérants et contradictoires les uns par rapport aux autres. Bien plus, l’isolement insulaire mis en scène et idéalisé dans toutes les brochures touristiques correspond à une mystification complète, forgée par une activité qui repose précisément sur la rupture de l’isolement et sur la nécessité d’une connectivité toujours optimisée.