Les rapports sociaux de coercition : introduction au thème

Résumé Fr

Àtravers les huit contributions qu’il réunit, ce dossier explore les multiples formes et logiques d’imposition de la coercition sur les conduites, ainsi que ce qui lui résiste. Dans la lignée des travaux sur la coercition coloniale, loin de ne se cantonner qu’aux épisodes de conflits ouverts ou de violence directe, il s’agit de « mieux rendre compte de formes de gouvernement dans lesquelles la place de la coercition est un enjeu crucial, trop souvent peu documenté et contextualisé » au-delà des guerres ou d’épisodes extrêmes. La multiplication des travaux sur la violence en Afrique et sur les conflits, qui peut aussi légitimement s’expliquer par des contextes de militarisation croissante des sociétés, a entraîné une certaine saturation de sens, à tel point qu’il devient difficile de comprendre ce qui n’en relève pas. L’utilisation extensive de la notion de violence a aussi eu pour effet d’essentialiser les sociétés, bien que de nombreux travaux aient depuis longtemps voulu replacer l’étude de la violence dans ces logiques sociales, loin de toute forme d’exotisation ou de fonctionnalisme. Par conséquent, nous cherchons moins ici à documenter les expressions les plus spectaculaires et les plus visibles de la contrainte, pour ce quelles seraient censées dire de l’État et du monopole de la violence qu’il détiendrait ou non, qu’à nous situer dans une sociologie de la coercition attentive à la complexité et à la multiplicité des rapports qui la constituent.