2008
Cairn
Alessandro Bertinetto, « Genèse et récursivité : la déduction des catégories dans la Doctrine de la science de 1805de J. G. Fichte », Revue de métaphysique et de morale, ID : 10670/1.sc7934
La Doctrine de la science fichtéenne ne saurait être comprise autrement que comme « théorie du savoir ». Le projet fichtéen est celui d’une épistémologie qui comprenne le savoir en en expliquant les conditions de possibilité tout en rendant compte des conditions de possibilité du discours philosophique lui-même. La Doctrine de la science est en effet elle-même un savoir : par conséquent, élaborer une théorie sur le savoir, cela signifie mettre en application ces mêmes procédures que la théorie considère comme les procédures propres au savoir lui-même. Il y a coïncidence du plan épistémologique et du plan méta-épistémologique : la philosophie échoue si elle ne se comprend pas elle-même de façon réflexive, en justifiant génétiquement les présupposés de son argumentation. Ceci est selon Fichte précisément la faute du criticisme kantien : le kantisme reste sur un plan factuel qui exigerait une justification génétique. À cet égard, la façon dont Fichte critique la déduction des catégories proposée par Kant prend une importance toute particulière. Si l’argumentation philosophique ne doit pas contredire ce qu’elle dit elle-même, alors il va falloir présenter les catégories comme ces « modalités d’action de l’esprit humain » au moyen desquelles le savoir se constitue lui-même en articulant sa propre structure autoréflexive par rapport à son propre objet. Si l’on applique cela à la philosophie comme théorie du savoir, cela signifie que l’on présentera les catégories comme ces actions au moyen desquelles la philosophie se constitue avant tout elle-même, réflexivement, comme théorie du savoir. Ce n’est que de cette manière que l’on pourra comprendre les catégories comme des fonctions de constitution du savoir objectif. Dans la Doctrine de la science de 1805, l’usage qui est fait des catégories dans la compréhension génétique de la théorie du savoir est particulièrement intéressant. Le texte développe donc une analyse du cours.