2001
Cairn
Marie-France Valetas, « Perception de politiques sociales publiques envers les personnes âgées dans l'Union européenne », Retraite et société, ID : 10670/1.sgncx5
Les attentes des Européens à l’égard de l’intervention de la collectivité en matière de personnes âgées, qu’il s’agisse des retraites ou des personnes dépendantes, sont fortement influencées par leur contexte culturel. L’enquête Eurobaromètre menée en 1995 dans les pays de l’Union européenne permet d’esquisser une opposition Nord-Sud. L’auteur analyse ici les réponses fournies par trois pays représentatifs de la diversité européenne (la Suède, la France et la Grèce). Les Suédois, à l’instar de leurs voisins nordiques, accordent massivement leur préférence à la vie en institution pour personnes âgées. Les Grecs font de la famille le lieu d’accueil naturel de leurs parents âgés. Quant aux Français, l’indécision («ça dépend des circonstances») le dispute à la préférence pour le maintien en famille. Il est vrai qu’en Grèce, les femmes travaillent peu et ont peu d’enfants par rapport à leurs consœurs européennes. Par ailleurs, la proportion de personnes âgées vivant avec leurs enfants y est déjà très élevée. En Suède au contraire, les femmes sont très actives et ont un des taux de fécondité les plus élevés d’Europe. Elles sont donc moins disponibles pour assumer l’accueil d’une personne âgée à leur foyer. Valoriser le rôle de la famille ne signifie cependant pas refuser toute intervention de l’état. 60% des Européens souhaitent un financement étatique de la prise en charge des plus dépendants. Sur cette question, les écarts entre pays restent modestes. De même, la majorité des Européens souhaite un financement, au moins partiel, des retraites par l’État. Logiquement, ceux qui réclament un financement exclusif des retraites par l’État, lui confieraient également le financement des soins de santé. Les pays qui, comme la Suède, connaissent un secteur public très présent se prononcent pour le maintien du système existant. Les pays à tradition familiale forte manifestent une certaine inquiétude quant à l’avenir et estiment que les familles sont moins prêtes à prendre en charge leurs parents âgés que par le passé. Or, ce sont ces pays qui seront les plus touchés par un vieillissement rapide de leur population. Se pose donc avec force la question de la diminution des capacités d’accueil et d’aide des familles et d’une attente forte envers l’intervention de la collectivité.