2013
Cairn
Claude de Grève, « Viktor Maksimovič Žirmunskij (1891-1971) », Revue de littérature comparée, ID : 10670/1.shj22e
On peut considérer Viktor Žirmunskij comme un des pionniers de la littérature comparée en Russie, tout autant que comme « le fondateur de la germanistique soviétique » ( Grande Encyclopédie soviétique). Moins connu en France que des formalistes russes comme Chklovski ou Eikhenbaum, il a partagé avec eux leur définition de la littérature comme « art du mot » et de la poétique comme « science de la poésie comme art ». Mais il a senti et analysé très tôt le caractère réducteur de leurs théories, qu’il a cherché à compenser par une « poétique historique » fondée sur la comparaison entre littératures nationales différentes. Cet article se propose de retracer l’évolution de ce savant immensément cultivé, du poéticien déjà comparatiste au théoricien de la littérature comparée, à travers un itinéraire jalonné par des ouvrages spécifiquement comparatistes qui réalisent l’alliance qu’il souhaitait entre méthode formelle et méthode comparatiste. Cet itinéraire qui ne va pas sans concessions à l’idéologie marxiste-léniniste ambiante, surtout dans les années 1930, témoigne aussi de la liberté du critique, des risques qu’il a courus et des déboires que lui a coûtés, durant la guerre froide, son attachement fidèle au pluralisme culturel et à un comparatisme de plus en plus planétaire.