18 avril 2023
info:eu-repo/semantics/openAccess , CC BY-NC-SA 4.0
Anna Adamska-Gallant, « Women judges in transitional justice and their impact on trials on cases of sexual and gender-based violence committed as war crimes », Trajectoires Humaines Transcontinentales, ID : 10.25965/trahs.5189
Les violences sexuelles et celles de genre (VSBG) contre les femmes et les hommes identifiés comme des ennemis apparaissent malheureusement et très souvent comme une arme de guerre. Pendant longtemps, les atrocités liées à la violence sexuelle et basées sur le genre n'ont pas été perçues comme un élément de combat ; elles n'ont donc pas fait l'objet d'enquêtes en tant que crimes de guerre. Aucun des criminels de guerre poursuivis dans les procès de Nuremberg et de Tokyo n'a été inculpé de crimes visant spécifiquement les femmes, malgré des preuves accablantes de viols à grande échelle commis pendant la Seconde Guerre mondiale par leurs subordonnés. Ce n'est qu'en 2000 que l’on institua le Tribunal International pour les Crimes de Guerre commis à l’encontre des Femmes suite à l'esclavage sexuel militaire pratiqué au Japon, chargé d’entendre les cas de femmes contraintes à l'esclavage sexuel par l'armée impériale japonaise, plus de 50 ans plus tôt.La perception des crimes SGBV dans les conflits armés a considérablement changé en raison des atrocités de masse commises en Bosnie-Herzégovine et au Rwanda. Les femmes qui, en tant que victimes de violences sexuelles, ont osé parler de leurs souffrances, ont joué un rôle crucial dans le changement de l'attitude générale envers les crimes de violence sexuelle et sexiste commis pendant la guerre. Simultanément, la composition du ministère public et de la justice internationale comprit de nombreuses femmes procureurs et juges.On pourra s’interroger alors dans quelle mesure le caractère, l'expérience personnelle ou le sexe du juge ont influé sur les décisions judiciaires. Certaines questions fondamentales liées au sexe du juge restent sans réponse : le sexe des juges jouerait-il sur la qualité de l'établissement des faits en matière de VSBG en tant que crime de guerre ? Une femme juge évaluerait-elle les preuves de manière plus approfondie qu'un homme juge ? Le bien-être d'une victime de VSBG serait-il mieux protégé par un juge du même sexe ? Le risque de re-traumatisation d'une victime serait-il moindre si le procès était mené par un juge du même sexe que la victime ? Et enfin : le risque de réveiller un nouveau traumatisme chez la victime serait-il moindre si un juge du même sexe que celui de la victime gérait le procès ? Toutes ces questions semblent particulièrement pertinentes dans le contexte de la nouvelle vague d'affaires de crimes de guerre SGBV résultant de la guerre en Ukraine.