25 juin 2021
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Anne Simonin, « Du bénéfice de l’indignité : portrait du bourreau en citoyen parfait (1789-1793) », HAL-SHS : sociologie, ID : 10.4000/lrf.5215
Le droit de la Révolution française a réinventé la figure du bourreau que certains écrivains du XIXe siècle (Joseph de Maistre en particulier) ont livré intemporelle à la postérité. Comment le bourreau, paria sous l’Ancien Régime, est-il devenu citoyen dès 1789 ? C’est toutefois l’exécution du roi en 1793 qui se révèle décisive dans le destin juridique du bourreau et lui permet de devenir un citoyen de plein exercice. Témoin incontestable des derniers instants de Louis XVI, le bourreau est devenu digne de foi et du titre de concitoyen. En exécutant le roi, le bourreau n’a pas exécuté un homme mais un régime et transféré à la loi de la République l’inviolabilité du roi. Devenu fonctionnaire public, le bourreau est parvenu à imposer au Législateur la reconnaissance tacite de son indignité. Reconnu digne d’être indigne, il a réussi à réserver à ses descendants le monopole du métier de bourreau dans le respect des principes énoncés par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.