2013
Cairn
Élisabeth Arnoul, « Le corps martyr des femmes. Le témoignage des hommes au chevet de leur épouse (XVIe-XVIIIe siècle) », Revue du Nord, ID : 10670/1.svq6gs
Dans un contexte de fort taux de mortalité féminine (maladie, risques liés aux grossesses et accouchements difficiles), comment les hommes de l’époque moderne vivaient-ils l’épreuve de la perte de leur femme ? En nous révélant l’intimité de leur foyer, leur témoignage, que nous pouvons saisir par la lecture des écrits du for privé, nous permet de comprendre leurs inquiétudes au chevet d’une épouse mourante et d’observer, en ces moments tragiques, les soins apportés, ainsi que les gestes médicaux, dont l’efficacité est remise en cause. L’expression du chagrin de ces hommes, parfois anéantis, va à l’encontre des thèses sur la déficience des liens affectifs au sein des familles et sur la prétendue insensibilité des hommes de l’Ancien Régime à la mort de leurs proches. On peut mesurer le préjudice d’une telle perte et l’intérêt porté aux orphelins qui voient mourir leur mère. Les scènes d’adieux, parfois longuement décrites, sont conformes à ces « belles morts » chrétiennes. Les épouses, présentées comme des modèles, font figure de saintes et martyres dans le pur esprit de la piété baroque.