4 janvier 2000
info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Catherine Rudent, « Le discours sur la musique dans la presse française L'exemple des périodiques spécialisés en 1993 », HAL-SHS : sciences de l'information, de la communication et des bibliothèques, ID : 10670/1.sw88d2
Dans les magazines musicaux français des années 1990, la musique apparaît comme scindée en unités plus petites - le jazz, le rock, le rap, la techno : il ne s'y agit pas de la musique, mes "des" musiques, chacune dotée d'une certaine cohérence. Une analyse de contenu portant sur tous les magazines d'une année récente permet de saisir la teneur de ces subdivisions : elles n'y sont pas définies par leurs seules caractéristiques sonores, mais par d'autres, non sonores. Le rock y est ainsi donné tantôt comme une musique de la provocation et de la rébellion, tantôt comme plaisant, rieur et désengagé ; la chanson comme une paroles amicale et douce, à laquelle des instruments les plus divers possibles servent seulement d'écrin et d'escorte ; la musique savante comme une alliance paradoxale entre la logique la plus stricte et l'expression la plus véhémente ; le jazz y a le raffinement de l'arabesque et la profondeur du secret ; enfin la techno, festive et dansante, y est également rêveuse et pacifique. En déconstruisant la façon dont la presse musicale, média petit mais plus influent qu'il ne semble, associe à chaque type de musique un ensemble de traits à la fois arbitraires et significatifs, on montre la nature réductrice de sa tâche. Mais en même temps on voit l'un des cheminements à travers lesquels, de nos jours, la musique est investie de sens.