2015
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VertigO : La revue électronique en sciences de l’environnement ; vol. 15 no. 2 (2015)
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Juliette Anglade et al., « « La Terre » de Zola, une histoire biogéochimique de la Beauce au XIXe siècle », [VertigO] La revue électronique en sciences de l’environnement, ID : 10670/1.tnc55y
Le bassin de la Seine a longtemps constitué l’hinterland nourricier de l’agglomération parisienne. Aujourd’hui, les pollutions diffuses liées à l’usage de pesticides et engrais chimiques ainsi qu’à la concentration des ateliers d’élevage, entrainent notamment la fermeture de nombreux captages d’eau potable et l’eutrophisation des zones marines côtières. Cette étude vise à reconstituer une image biogéochimique de la Beauce, à la fin du XIXe siècle, entre grandes exploitations progressistes (200 ha) et petits héritages parcellaires traditionnels (moins de 10 ha). Les performances agronomiques et environnementales de ces systèmes sont évaluées en reconstruisant les bilans d’azote des sols à partir des statistiques agricoles historiques et des éléments sur la vie rurale et les pratiques agricoles contenus dans le célèbre roman naturaliste d’Émile Zola, La Terre. La céréaliculture avait alors déjà pris un essor formidable avec l’abandon de la jachère au profit d’une sole de légumineuses fourragères fixatrices d’azote valorisées par le bétail qui assurait via ses déjections le transfert de cet azote vers les terres labourables. Nous montrons que dans ces systèmes de polyculture-élevage les flux d’azote étaient équilibrés et les pertes environnementales minimes, garantissant une bonne qualité des eaux infiltrées. Dans les grands domaines, la diminution des surfaces en prairies (qui ne représentaient plus que 10 % de la surface agricole utile) et la mécanisation ont permis d’accroître considérablement la capacité commerciale d’exportation céréalière et du territoire, avec 1460 kgN/km²/an soit 98 % de la production céréalière, et ainsi de soutenir la population urbaine grandissante de la révolution industrielle.